Éthique Théologie

Vers une éthique de la réconciliation

Rencontre avec Roger Zürcher

Roger Zurcher, quel est pour vous le plus grand des défis de notre monde d’aujourd’hui ?

C’est assurément celui du changement de climat. Comment aujourd’hui préserver l’avenir de notre planète ? Les changements climatiques ont des conséquences catastrophiques pour la planète et sur la vie concrète des populations dans le monde.

Pour vous, quelles sont les causes de ces changements ?

L’impact de l’activité humaine est primordial. On est dans un système qui considère la terre comme une ressource à exploiter. Mais aujourd’hui l’équilibre est rompu. L’exploitation sans limite de la terre par les humains a fini par tout dérégler, même le climat.

Quelles réponses préconisez-vous ?

Ce sont des réponses qui font appel à des changements en profondeur. C’est notre rapport à la nature, à la création, qui doit être modifié. L’enjeu, c’est de retrouver les bases d’une éthique nouvelle, d’une spiritualité nouvelle.

Quelles seraient ces bases nouvelles ?

Pour ma part, je les puise dans la lecture des Écritures.  Dans la Genèse, Dieu donne autorité à l’humain sur la nature, mais il lui confie une mission qui est celle d’être un bon gestionnaire, un intendant. Il ne place pas l’humain dans un rapport de domination vis-à-vis de la création et des autres créatures. Il en fait un serviteur, un usufruitier. Dans le Nouveau Testament, l’humain fait partie de la création. Il n’est pas ailleurs, il n’est pas au-dessus. Il en est une partie intégrante.

Quel renversement éthique cela signifie-t-il ?

Cela signifie en effet qu’il faut passer d’un modèle de domination et d’exploitation de la planète à une éthique de la réconciliation. C’est une réconciliation à tous les niveaux, une réconciliation avec Dieu, avec soi, avec les autres et avec la création.

Concrètement, cela se traduit comment ?

Les gestes qui portent la réconciliation ne manquent pas. C’est ce que nous essayons de favoriser dans la cadre du Secaar en développant une agroécologie qui prend en compte les procédés d’une agriculture durable tels que la couverture permanente des sols et l’augmentation de la matière organqique dans les sols. Les résultats sont absolument extraordinaires. Nous formons et accompagnons des communautés et des individus à travers ce que nous appelons un développement holistique. C’est une recherche concrète d’un développement intégral et réconcilié avec la nature et la création. C’est là toute notre compréhension de ce que Jésus appelait la « vie en abondance ».

Propos recueillis par Alain Rey

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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