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Le grand défi d’aujourd’hui, par Jean Fischer

Inventer des contre-pouvoirs !

Je commencerai par dire que dans la parabole du samaritain que tout le monde connaît, utilise, on s’occupe du blessé, on parle beaucoup du samaritain, on parle aussi des gens du clergé qui se sont désintéressés de la situation, mais on ne parle jamais des brigands et je fais le parallèle avec notre situation d’aujourd’hui, le malaise que tout le monde ressent dans notre monde aujourd’hui dans toutes les régions de la planète, les choses ne vont pas comme elles devraient aller, je pense qu’on doit aussi essayer de trouver qui sont les brigands, autrement dit qui sont ceux qui se comportent mal et qui font que notre vie sur la planète devient un souci majeur pour beaucoup. Alors, en essayant d’analyser la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, je pense qu’il faut qu’on approfondisse un peu les sources de pouvoir.

Le pouvoir qui, pendant très longtemps a été un pouvoir politique, qui était régi par le résultat de confrontations entre partis politiques, qui pensait pouvoir gérer telle situation dans tel pays, dans les pays riches, dans les pays colonisés, dans les pays pauvres, il est indispensable de savoir quelles sont les forces qui influent sur la vie de nos sociétés et personnellement, je pense qu’il y a des forces que je compare aux brigands, qui sont la puissance des multinationales, qui ont la capacité de s’opposer aux forces politiques, je pense en particulier à la puissance des multinationales qui exploitent les ressources naturelles dans les pays du tiers monde, force des multinationales qui sont beaucoup plus puissantes que les gouvernements en place, et qui corrompent les gouvernants pour tout simplement continuer à exploiter les ressources naturelles qui se trouvent dans telle ou telle partie du monde. Donc il faut voir comment on peut empêcher le pouvoir des multinationales, le pouvoir de l’argent, d’influencer et de déterminer la vie de nos sociétés. J’aimerais personnellement voir comment on pourrait domestiquer et rendre moins gourmandes les entreprises multinationales qui par ailleurs peuvent apporter quelque chose à l’économie mondiale mais qui le font au prix de l’exploitation de peuple tout entier et au prix de l’exploitation du monde des travailleurs, car les bienfaits de ces exploitations des ressources naturelles ne sont pas partagés de manière satisfaisante. Voilà comment je vois la situation. Ce pouvoir est occulte comme dans le monde des mafias. Les mafias pullulent et sont occultes et sont aussi très puissantes. De ce fait, il ne faut pas croire que ce sont les élus, les parlements, les ministres et les présidents des gouvernements qui détiennent le pouvoir. Toutes les personnalités politiques qui sont au pouvoir, en Europe et aux Etats Unis ne sont pas des gens qui ont un pouvoir propre. Ils sont les marionnettes de pouvoirs occultes, de pouvoirs et trusts multinationaux, et ils se comportent comme des serviteurs de ces pouvoirs plus puissants que le pouvoir politique.

Donc il faut une analyse des pouvoirs et des contre-pouvoirs. C’est mon deuxième point. Les contre-pouvoirs, il faut les inventer mais ils sont déjà très présents dans la société civile dans de nombreux pays. Ces contre-pouvoirs il faut les étayer, les mettre en mesure de faire la travail d’un contre-pouvoir de manière à ce qu’on revienne à une situation d’équilibre, qui irait à l’encontre de ce qu’on aperçoit actuellement qui est l’exploitation de plus en plus éhontée des classes populaires, de la classe ouvrière, de la paysannerie. Ces contre-pouvoirs, je pense que la société civile est en mesure de les organiser et de leur donner une efficacité en face de ces grandes entreprises qui n’ont qu’un intérêt, celui de retirer le plus de richesses possible pour leur propre intérêt, leurs actionnaires, plutôt que de penser au souci du partage des ressources de ce monde afin que tous les peuples et les populations puissent avoir une situation vivable et acceptable. Pour l’instant, pour de nombreux peuples, je pense aux gens du Sahara occidental et aux gens d’autres pays comme les Roingas en Birmanie, les Pigmés en Namibie, Ce sont des populations entières qui ne sont pas considérées comme des êtres humains qui ont aussi des droits, qui ont droit à la vie.

Jean Fischer – Église Protestante de Genève – Ancien Secrétaire général de la Conférence des Églises Européennes (CEC)

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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