Depuis 1870, l’Alsace était rattachée à l’Allemagne. Cent ans après la fin de la Guerre 14-18, il est intéressant de connaître le ressenti d’un Alsacien enrôlé dans l’armée allemande. Ce livre de souvenirs –rédigé à partir de courriers, notes de carnet, remarques rétrospectives- raconte combien l’Allemagne méfiante préférait envoyer les Alsaciens sur le front de l’Est. Paul Helmlinger a suivi jusqu’à ses 18 ans « un enseignement du plus pur style allemand dans un lycée classique ». Il ne pouvait pas « ne pas apprécier positivement tout ce que cette formation à l’allemande (lui) avait apporté ». Ce qui ne l’empêchait pas d’être d’une famille francophile. Son père pasteur, gamin, avait pleuré à l’entrée des troupes allemandes. Lui est étudiant en théologie à son recrutement. Il narre l’avancée jusqu’en Pologne puis le retour à la débâcle. Il nomme « prussienne » son odyssée, du qualificatif dont il affuble l’armée. Selon lui, c’est la Prusse qui a « malheureusement réussi à entraîner dans son sillon le reste des pays allemands ». Sa situation à la guerre restera d’une « grande ambiguïté », satisfait « de n’avoir jamais tiré un seul coup de fusil contre un ennemi ». Positionnement dans les tranchées face aux Russes. Fraternisations. Longues marches dans le froid. Garde malade dans un lazaret où il sert un officier. Logement chez l’habitant et liens noués. Moult autres faits sont racontés, dont la débâcle et le long retour au pays. A pied. En train. Débrouillardise. Il reprendra la théologie à Paris et Strasbourg. Début de pastorat à Colmar. Puis missionnaire au Cameroun dès 1934. Retour en France en 1963, poste de Jebsheim. Retraité à Ribeauvillé, il écrira quelques années avant sa mort en 1989 ses souvenirs de guerre, objets du présent livre (113 p.) préfacé par Marc Lienhard.
Jean-Claude Odier
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