Libres propos

Je n’ai pas célébré le culte public, le dimanche 1er novembre !

Ministre de l’EPUDF en retraite je devais, dimanche 1er novembre, célébrer le culte dans le temple d’Aulas pour l’Ensemble des Églises du Pays viganais. Or, en accord avec la présidente du Conseil presbytéral, nous avons décidé de ne pas célébrer ce culte publiquement. En contrepartie, j’ai mis à disposition ma prédication par écrit et par internet. J’estime qu’en matière d’ordre public, en l’occurrence d’ordre sanitaire, la loi de la République l’emporte sur la loi religieuse. Ceci n’a évidemment rien à voir avec un quelconque contrôle dogmatique de la foi par la République qui se l’interdit depuis la Loi de 1905.

Je suis donc en désaccord avec le communiqué de la Fédération Protestante de France daté du 30 octobre qui écrit : « À titre exceptionnel, il est possible de célébrer des cultes ce dernier week-end d’octobre dans le respect strict et rigoureux des mesures sanitaires déjà mises en place. Les fidèles devront se prémunir d’une attestation de déplacement à laquelle ils peuvent ajouter la mention manuscrite : “participation exceptionnelle aux célébrations cultuelles du weekend de la Toussaint 30 octobre et 1er novembre selon la tolérance accordée par l’État”. » Je trouve ce texte stupéfiant. D’abord depuis quand les protestants célèbrent-ils la Toussaint ? Dans ce texte, il n’est même pas question de la fête de la Réformation qui tombe pourtant bien dans ce fameux week-end ! Ensuite je suis allergique à la notion de « tolérance de l’État ». Nous ne sommes plus sous le régime de tolérance des cultes reconnus par l’État du temps du Concordat, mais sous un régime de liberté.

« La République assure la liberté de conscience.Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public » dit l’article premier de la Loi de 1905. J’estime donc, en tant que citoyen et chrétien, que le confinement constitue une restriction momentanée légale à cette liberté de culte. Enfin, j’affirme que ce n’est parce que l’Église catholique a demandé – d’ailleurs avant même le confinement prévisible – qu’on ne touche pas aux fêtes de la Toussaint, que les Églises protestantes doivent suivre les décisions qui concernent ce culte. Je note aussi qu’après l’attaque au couteau à la basilique de Nice qui a fait trois morts jeudi 29 octobre, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman a « appelé les musulmans de France en signe de deuil et de solidarité avec nos compatriotes victimes de cet acte abject à annuler toutes les festivités de la fête de Mawlid, la fête de la naissance du prophète de l’islam, qui était prévu ce vendredi, samedi et dimanche ». J’aurais nettement préféré une mesure de ce genre de la part du protestantisme ; elle aurait permis d’affirmer une double fraternité avec les musulmans et les catholiques de manière beaucoup plus manifeste que ce maintien, au prix d’une misérable attestation de déplacement, d’un culte qu’on peut vivre de bien d’autres manières.

Jean-François Zorn, professeur émérite d’histoire du christianisme de l’Institut Protestant de Théologie

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À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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