Les pastorales Non classé Paris-Région parisienne

Pastorale du 21 novembre 2017 – Rencontre avec Philippe Braunstein

Dans les vastes locaux paroissiaux de l’Oratoire du Louvre, nous avons une fois de plus reçu un accueil très chaleureux… et « gastronomique »… avant de partager un temps de réflexion avec l’historien Philippe Braunstein. Nous étions une bonne vingtaine de retraités intéressés par le thème qu’a développé, avec beaucoup de clarté et d’humour, cet enseignant à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, directeur d’études dans le département des Sciences Sociales : « Un regard inédit sur la Réforme à Paris. » Evoquer la Réforme à Paris entre 1520 et 1560, c’est replacer dans un contexte européen – celui de l’humanisme militant et celui d’une critique de l’Eglise – les principes d’un retour à l’Evangile et l’affirmation de la Grâce de Dieu. A Paris, le roi soutient la tentative de rénovation des diocèses, dont le cercle de Meaux donne un exemple frappant : Jacques Lefèvre d’Etaples, qu’admire Luther, et Guillaume Briçonnet – prélat résidant, prêchant, faisant traduire l’évangile en français, soutenu par Marguerite de Valois, sœur du roi – font, malgré l’appui royal, l’objet de violentes attaques de la Sorbonne. L’expérience d’une réforme consensuelle échoue définitivement après l’affaire des Placards de 1534. La répression sévit contre toutes les formes d’un évangélisme, que l’apprentissage des psaumes en français, texte et musique, diffuse dans tout le royaume : la publication du Psautier en 1561 eut un succès immense malgré les interdictions répétées. La répression contre les « mal-pensants », sévère sous François Ier, s’appesantit encore sous son successeur, Henri II : les bûchers s’allument et l’on brûle à la fois les livres et les personnes, tandis que se constitue, secrètement, puis ouvertement, une Eglise « dressée » à la manière de Genève. Après quarante ans de guerres religieuses et politiques, les deux camps, épuisés, finissent par accepter le compromis fragile proposé par le pouvoir royal sous Henri III, puis sous Henri IV : l’Edit de Nantes de 1598.

Jean-Pierre Rive

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