Libres propos

Témoignage de Gérard KREBS, pasteur à Nouméa dans les années 90.

Nous, qui avons un vécu avec le Caillou, nous ne pouvons qu’être bouleversés par les nouvelles et les images car forcément en pareille situation ce sont des visages et des chemins de vie qui reviennent !

Ayant été pasteur en binôme avec Wanir Welepane et Hnoija Wete au Vieux Temple, le premier à oeuvrer sur ce projet au début des années 90 et lorsque je vois ce que cette communauté et l’EPKNC vit aujourd’hui je me dis qu’il nous faut aussi en tant que protestants faire oeuvre de repentance.

Cette communauté constituait le terreau idéal pour l’Eglise Protestante pour apporter sa contribution à l’oeuvre de réconciliation et au « vivre ensemble » de part la diversité des membres.

Quel gâchis ! Bertrand Vergniol avait été à l’origine du groupe « Calédonie » qui se réunissait au DEFAP pour accompagner l’EPKNC lorsqu’apparurent les premières tensions. La Cevaa avait piloté une mission de médiation assurée par Frédéric Rognon. Rien n’y fit ! L’EPKNC n’a pas su ou n’a pas voulu saisir la main tendue par le protestantisme français et de notre côté, nous n’avons pas su insister et nous n’avons pas réussi à les convaincre que l’enjeu était capital. Nous sommes passés à autre chose et avons assisté de loin à l’hécatombe. Je pense très fort à Ben Houmbouy qui était de ceux qui y croyaient.

Ma deuxième remarque concerne le positionnement du candidat-Macron en 2022 largement responsable de la situation actuelle. Il a voulu passer en force pour le 3ème référendum uniquement pour pouvoir se targuer d’avoir soldé le dossier calédonien sur son premier mandat,

positionnement purement électoraliste. Ajouter à cela ce sentiment d’avoir choisi son camp, cela ne pouvait que dégénérer. Le premier ministre a dit que la violence n’est pas justifiable et il a raison de le dire ainsi mais il oublie d’ajouter que la violence est peut-être explicable.

Ma troisième et dernière remarque concerne le déplacement des émeutes sur le Grand Nouméa, différence majeure avec les évènements des années 80. Nouméa est devenu le symbole des inégalités et de l’injustice sociale. Rares sont ceux qui pointent l’échec relatif de la Mission des 400 cadres. Un jeune kanak bardé de diplômes sans piston n’arrive pas à se faire une place car insidieusement les différentes structures ne leur en donnent pas l’opportunité. Sonia Lagarde la maire de Nouméa est dans le déni de cet aspect, pour elle c’est purement politique. La constitution des groupes d’action ressemble quand même à une forme de désaveu par rapport aux leaders indépendantistes de la première heure.

Je suis comme vous inquiet et bouleversé

Et je pense très fort à toutes celles et à tous ceux un jour ont croisé ma vie

Gérard Krebs, 17 mai 2024

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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