Les pastorales Nationale

Qu’est-ce que ces journées m’ont apporté ? Par Marianne Seckel

En premier, en pensée avec nos frères, sœurs et amis juifs, je note que notre pastorale se déroule dans le temps des fêtes juives d’automne, en particulier la journée de mardi soir (notre arrivée) à mercredi soir qui était le jour de Yom Kippour.

Mes remarques sont de deux ordres que je résume par ces mots : d’une part l’ambiance, d’autre part le contenu de la réflexion proposée.

1. l’ambiance

Retrouver des pasteurs et leurs conjoints rencontrés au fil des ans, depuis le temps lointain des études et des stages, puis des affectations dans telle et telle région ou par le Defap, le service biblique ou autre lieu … Cela relève à la fois de l’exercice de la mémoireet de l’émotion. Il y a de l’émotion dans ces rencontres où se vit quelque chose du « vivre ensemble » évoqué dans plusieurs des interventions de ces journées, un vivre ensemble par-delà l’épreuve des années écoulées et de la dispersion des lieux.

Ces journées auront été une expérience humaine qui m’a semblé exceptionnelle !

2. Le thème : face aux défis anthropologiques, quelle espérance pour l’humain ?

(Pour reprendre cela posément, les textes des intervenants seront disponibles prochainement)

Nous avons été au bénéfice de quatre riches exposés, un concentré d’intelligence ! Dans les domaines de la sociologie, de l’exégèse biblique, de la bioéthiqueet de la philosophie. Tout cela d’un grand sérieux agrémenté ici et là de quelques notes d’humour, lequel a été déployé lors de la soirée de mercredi avec le spectacle dePierre-Philippe Devaux « Jésus, la bio interdite ».Le questionnement de ces journées était posé sous le constat d’une accélération des changements de modes de vie et de techniques, jusqu’au vertige, voire à l’angoisse.

D’Olivier Roy, politologue, qui nous a invité à un parcours  de l’histoire du christianisme en Europe, je retiens la dédramatisation de nos peurs, en posant à leur juste place les questions de l’islamisme et du terrorisme qui s’en réclame, dans une société en manque d’idéal. Aujourd’hui dans l’Occident où les valeurs et la culture chrétiennes sont sécularisées, il nous revient de prendre acte du déclin du « religieux » au sens de communautés de foi et d’être attentifs aux importantes « attentes spirituelles » de nos contemporains. Il nous revient d’être à l’écoute et d’oser une parole : Les religieux n’ont pas à être législateurs mais prophètes. Nous n’avons pas de normes à imposer ni même à proposer mais à vivre de ces valeurs auxquelles nous croyons fermement, sans modération.

Céline Rohmer, éxégète du Nouveau Testament, nous a confirmé que la Bible ne donne pas de norme de comportement et, suivant le parcours de l’apôtre Pierre dans l’évangile selon Matthieu, nous avons perçu le cheminement d’une existence amenée à s’accepter dans la fragilité de la finitude humaine, à reconnaître en cela la chance de la vie, de notre vie ; par là nous sommes incités à un « évidement » et à la créativité, en relation avec les autres.

Didier Sicard,président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE),a mis en avant une image inquiétante de la médecine comme le lieu d’un Marché au mépris de la relation, un lieu de technicité à outrance, de fabrication de l’humain et de peur de la mort… D’où l’importance d’une réflexion éthique comme mise en garde et rappel que l’humain est essentiellement un être de relation, avec l’originalité de l’attention pour les déhérités et les plus fragiles.

Dans l’exposé de Guilhen Antier, qui faisait état de l’envahissement de discours d’ordre apocalyptique, j’ai retrouvé l’idée avancée par Olivier Roy, d’une posture à tenir dans l’espace public, par nos paroles. Il importe de rester dans un questionnement : quel sujet suis-je : capable de me tenir debout dans l’espérance, face à l’incertitude de l’avenir ?  De quelle confiance, autre nom de la foi, suis-je animé(e) ? De quel « courage d’être » ?

Toutes ces interventions nous disaient l’importance déterminante d’une part des relationsdes uns avec les autres, d’autre part de rester ouvert à l’inattendu de Dieu.

Nous avons aussi pu apprécier les exercices physiques et artistiques des ateliers de chant sous la conduite de Pierre et Cécile Almeras.

Marianne Seckel

À propos de l'auteur

mm

Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.