L’Europe est-elle encore chrétienne ?
Olivier Roy, politologue, pose d’emblée la question des valeurs et de la culture et de leur rapport. Il fait pour cela un parcours à travers l’histoire.
Dans le monde romain, le christianisme s’est universalisé. Un clivage majeur s’opère en 1053 avec la séparation de l’orthodoxie. L’espace européen est alors dirigé par l’Eglise de Rome où la prééminence du politique fait l’objet d’une bagarre : l’Église ou l’empereur ?
En 1517, avec Luther apparaît une autre dimension. L’Église catholique devient supranationale, colonise d’autres régions mais perd l’Europe. Dans le même temps, les protestants inventent une culture fondée sur les langues parlées. Kant, philosophe des valeurs, veut autonomiser la raison, sans passer par la foi. Ainsi, jusque vers 1950, les valeurs chrétiennes, culturelles et sociologiques, sont sécularisées. Avec la Révolution apparaît l’anticléricalisme. D’autant que les anticléricaux ont une bonne culture religieuse.
Après la deuxième Guerre Mondiale, il n’y a pas de signe de retour vers le religieux. Cependant la culture européenne reste basée sur des valeurs chrétiennes relatives à la famille, à la sexualité…
C’est vers 1960 que tout va changer, avec le concile Vatican II. L’Église catholique accepte la sécularisation et publie en juillet 1968 l’encyclique Humanae Vitae sur la seule sexualité. C’est une véritable révolution anthropologique qui ouvrira à l’IVG, au mariage homosexuel…
Se pose dès lors la question : y a-t-il une anthropologie chrétienne ? Dans le Nouveau Testament on ne parle pas de famille chrétienne. Celle-ci « naît » au 16ème siècle avec l’invention du lit conjugal. Il semble alors qu’il n’y a pas d’anthropologie chrétienne !
La France est le seul pays d’Europe, fortement sécularisé, où sont connues les Manifestations pour tous. Il s’agit là de protestation sur les valeurs plus que sur la culture.
François Rochat
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