Les livres Théologie

Olivier Pigeaud, Bible et religion(s)

Olivier Pigeaud
Bible et religion(s)
Préface de Thomas Römer,SMPP, 2020, 64 p., 9,50 €

Un compte rendu d’Alain Houziaux, pour LibreSens

Olivier Pigeaud multiplie les petits ouvrages qui, à travers une étude minutieuse des textes bibliques, incitent à une réflexion sur des sujets qui peuvent être clivants. Le dernier bénéficied’une préface prestigieuse et passionnante de Thomas Römer sur la double nature de Moïse, à la fois exclusif, ségrégationniste et intolérant (il fait massacrer ceux qui vénèrent le veau d’or)et inclusif et favorable à la cohabitation des religions (il épouse la fille d’un prêtre madianite). De fait, l’ensemble de la Bible est traversé par une dialectique entre universel etcommunautaire.

O. Pigeaud lui-même traite d’abord de la position des auteurs bibliques (Ancien Testament etNouveau Testament) vis-à-vis des autres religions. Bien sûr, il y a une condamnation desmariages mixtes, de la magie, de la prostitution sacrée, des sacrifices d’enfants. Mais il y a aussi l’éloge de ces païen(ne)s qui dans l’Ancien Testament font l’histoire sainte (O. Pigeaudinsiste sur le rôle de Melkisédeq), et bien des textes de l’Ancien Testament (les onze premiers chapitres de la Genèse, le livre de Job…) sont très fortement influencés par les religionsétrangères. Le christianisme paraît plus exclusif en exigeant un ralliement explicite à Jésus-Christ pour les nouveaux convertis, mais on ne peut oublier qu’on peut aussi le voir commeune victoire du paganisme sur le judaïsme puisqu’il a aboli l’exigence de la circoncision, dusabbat et de la nourriture kasher.

O. Pigeaud traite ensuite de la Bible et de la religion. Il définit d’abord la religion comme un système de croyances, d’observances et d’institutions destinées à dompter les puissances surnaturelles et magiques. Il présente le désir d’Adam et Ève d’être « comme des dieux » comme typiquement religieux. Il montre que lorsque le judaïsme critique la religion, il critique, par la voix de ses prophètes, ce qui, en son sein, est resté profondément religieux. Il montre que pour Paul, la religion naturelle est incompatible avec la foi chrétienne. Et pourtant, le christianisme est bien une religion (avec ses rituels, ses sacrements, son livresaint), mais c’est une religion qui jette la religion aux orties! Faudrait-il voir la Bible comme un livre qui dirait « Jette cette Bible », tout comme André Gide, à la fin de ses Nourritures terrestres, incite Nathanaël à jeter le livre qu’il vient de lire? Ce serait sans doute aller troploin.

Alain Houziaux, pour LibreSens

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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