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La paroisse de Berlin à l’heure d’un grand événement

Kirchentag : trois syllabes qui ont un peu rythmé le quotidien de notre paroisse – comme celui de toutes les paroisses, catholiques ou protestantes, locales ou étrangères, de Berlin, au printemps 2003. Nous étions, faut-il l’avouer, aussi curieux que dubitatifs devant ces « Jours d’Eglise » – si l’on ose une traduction – et cette  » marée chrétienne » annoncée. Et, Thomas des temps modernes, nous l’avons vu et y avons cru. Car, sans le voir, comment imaginer une capitale regorgeant de jeunes – ou moins jeunes-venus des quatre coins du pays témoigner de leur foi ? Comment croire à ces églises ouvrant grand leurs portesà des manifestations, des discussions autour de thèmes aussi bien politiques, sociétaux, que religieux ? Aux halles gigantesques habituellement dédiées aux grandes foires (messes des temps modernes ?) de Berlin transformées en lieux de culte ? A ces rames de métro ou ces bus bondés, à ces rues arpentées par des familles, des groupes, des couples, des individus formant des guirlandes humaines multicolores et chantantes ? Comment ne pas se souvenir avec une certaine émotion du premier soir -Abend der Begegnung, Soir de la rencontre-, celui où s’ouvrait l’horizon, où des stands en plein air abritaient aussi bien telle paroisse de l’ex RDA invitant à soutenir la restauration de son église, telle associationhumanitaire ou telle troupe de théâtre annonçant un spectacle historique ? Des rencontres organisées par la KirchenVolksBegegnung et l’Initiative Kirche von unten, deux mouvements très engagés dans la recherche d’un oecuménisme « de la base » et les revendications concernant la place de la femme dans l’Eglise, les mariages avec des membres d’autres religions, les droits des minorités sexuelles ou encore la prêtrise des femmes. De ce culte final en plein air devant le Reichstag, qui avait, nous avait-on dit alors, rassemblé 40 000 personnes, et pour lequel, toute célébration de caractère eucharistique ayant été écartée, on imagina de faire passer de l’eau à son voisin… Comment, enfin, ne pas se souvenir avec bonheur, et aussi une bonne dose de nostalgie, de ce stand – le seul œcuménique- tenu conjointement par notre paroisse protestante francophone et sa sœur catholique, proposant boulettes de viande confectionnées par nos amis africains et gâteaux, mais aussi entonnant les cantiques, dont le A toi la Gloire, surnommé la Marseillaise des protestants par le si regretté Pierre Jeannequin, alors prêtre de la paroisse catholique ? Ou encore de notre rire lorsque nous découvrîmes, avec le même Pierre et son collègue Christian, que la croix huguenote avait été imprimée… à l’envers sur les tee-shirts commandés ?

Pendant ces quelques jours, notre petite paroisse a été rejointe par tant d’autres, et y a joué pleinement sa propre partition, signe de sa vitalité, de sa soif de diversité et de rencontre.

Laurence et Jean-Jacques Maison, pasteur retraité

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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