Libres propos

Jacques Vernier : Respecter, oui, escamoter ce que l’on croit profondément, non !

Jacques Vernier répond à Robert Olivier :

Je remercie ceux qui m’ont téléphoné et que j’ai invité à écrire et je réponds à Robert Olivier.

J’ai plaisir au travers de cet échange de retrouver mon collègue Robert Olivier, connu à Lyon où j’ai eu l’occasion de contacts concrets avec « un » Islam (celui que je pouvais rencontrer). J’entends bien  Robert qui ne souhaite pas qu’on parle de l’Islam, du Protestantisme en général etc. Je suis d’accord. Alors je précise : ce que je dis très brièvement de l’Islam concerne ce que je connais un peu seulement,  c’est à dire l’Islam en France, l’Islam qui se vit à côté de moi, dans mon quartier et ce qu’on en dit dans le monde protestant, on a vu dans Réforme le débat autour du meurtre de Samuel Paty avec certains discours un peu idéalistes. Je sais qu’Islam en France et Protestantisme représentent une grande diversité, mais les protestantismes ont quand-même une figure extérieure au-delà et malgré cette diversité. Du protestantisme en France (FPF), je sais ce qu’il est au travers de sa Charte. Pour mon Église (EPUdF), je sais ce qu’elle est, au-delà de sa diversité, par les décisions de ses synodes et sa déclaration de foi toute récente.  Je ne suis pas dans le flou.

Et pour l’Islam, quel est-il en France ? Je ne connais pas de textes qui en France, expriment ce que vit l’Islam, ce qu’il veut vivre, ce qu’il croit, ses rapports avec les autres religions. S’il y a un texte, il est aussitôt contesté par d’autres (quand ce n’est pas menacé). J’aimerais lire des discours (prédications) d’Imams de quartier. Je n’en ai pas sous la main.  Hier je rencontrais un collègue documenté (qui a écrit  un « le….pour les nuls »). Je lui parlais du livre « l’Islam pour les nuls » qui pourrait être une bonne source de renseignements. Il m’a dit que cette vision était celle d’un libéral modéré, qui avait été menacé à cause de cet écrit. Dire qu’il y a des Islams etc… c’est vrai mais c’est une manière de noyer le poisson. Car on ne sait plus qui parle à qui. Bien sûr qu’il est souhaitable de dialoguer, mais avec qui ? Je pense qu’il est bon de se dire aux uns et aux autres ce que nous pensons et croyons en vérité. Je pense qu’un musulman engagé pourrait dire à un protestant : vous n’êtes vraiment pas très pieux, vous qui ne vous arrêtez pas trois fois par jour pour votre prière ; je pense qu’un protestant pourrait dire à un musulman : sortez de votre moyen-âge, lisez le Coran comme un livre de révélation mais qui a été écrit en un  temps donné et dans une histoire qui a conditionné au moins l’habillage de ses paroles.

Si nous lisons nos écrits fondateurs, nous voyons que nous n’avons pas du tout la même image de ce qu’est Dieu. Mais Dieu est toujours à redécouvrir (en tout cas pour moi), donc tout espoir de compréhension est possible. L’Islam utilise trop le pouvoir des pétrodollars et des dictateurs spécialistes de la peine de mort pour parfois être tout à fait crédible.

Je crois à l’œcuménisme « transreligion » comme le dit Robert. Mais parce qu’il a trop souvent escamoté les rugosités des uns et des autres (ce qui n’était pas le cas des Réformateurs !) le dialogue n’a avancé qu’avec une élite très minoritaire et peu écoutée.

Respecter, oui, escamoter ce que l’on croit profondément, non !

Bien fraternellement à toi,

Jacques Vernier

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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