Libres propos

André Leenhardt : culte à Mens, le 17 octobre 2021

Musique d’entrée

Accueil :  Un poème de Jean Mougin

Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles, depuis.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles d’ailleurs.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles, ici.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles, tout seuls.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles de rien.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles pour nous.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles des hommes.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles, vivants.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles des morts.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles pour vivre.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles qui sauvent.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles d’espoir.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles d’amour.
Nous sommes sans nouvelles,
Sans nouvelles de Dieu !

Puissent notre culte et la semaine qui vient nous donner la contradiction à ce pessimisme !

Spontané : Viens Saint-Esprit

Debout les humbles, Dieu vous destine son royaume
Debout les non violents, Dieu vous confie la possession de la terre
Debout vous qui pleurez, Dieu vous apporte consolation
Debout vous qui avez faim et soif de justice, Dieu vient vous combler
Debout vous qui avez compassion, Dieu aura compassion de vous
Debout vous dont le cœur est sans fraude, Dieu s’offrira à vous
Debout vous les ouvriers de la paix, Dieu vous reconnaît comme ses fils
Debout vous que l’on persécute à cause de la justice, Dieu vous destine son royaume.

Chant: Psaume 12 – page 41 – 1, 2, 3, 4

Repentance :

Prière d’un musulman (Ali Ben Ali THALEB, gendre du Prophète).

Si j’ai fait naître la douleur, si par ma faute un homme, une femme a pu tomber, et si j’ai refusé d’aller à toi, pardonne-moi Seigneur!
Si j’ai parlé en vain, sans vérité, si j’ai laissé sans aide le blessé, si je n’ai pas accueilli l’étranger, pardonne-moi, Seigneur!
Si j’ai voulu vivre dans l’indifférence, fuir le combat, m’épargner tout effort, alors que tu me voulais au fort de la lutte, pardonne-moi, Seigneur!
Je reconnais devant toi mon péché, Dieu bon. Que le mal ne soit pas plus fort que moi. Fais-moi marcher dans ton chemin! Amen.

Spontané : Seigneur, écoute ma prière

Pardon :

À cause de l’Évangile, il est permis de vous dire, à vous qui souffrez des contradictions de votre vie et qui mettez votre confiance en Jésus-Christ : Dieu vous fait miséricorde, il pardonne vos péchés et vous conduit dans une vie nouvelle !

Spontané: Louez Dieu car il est bon

Obéissance : Michée 6 : 8 : On t’a dit, ô homme, ce qui est bien, et ce que l’Éternel ton Dieu demande de toi : c’est de faire ce qui est juste, d’aimer avec miséricorde et de marcher humblement avec ton Dieu.

Spontané: Ô Seigneur dans mon coeur je t’écoute

Lectures bibliques

Trois passages du Nouveau Testament: sur les scandales, sue la vie conjugale, sur le sacerdoce.

Matthieu 18 : 2-6 : A ce moment, les disciples s’approchèrent de Jésus, et dirent: Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux? Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et dit: Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin, et qu’on le jette au fond de la mer.

1 Cor. 7 : 1-2, 8-9 : Conseils de l’apôtre Paul, qui n’était pas un ardent féministe. Quoique… (N’a-t-il pas dit: le mari n’est pas propriétaire de son corps, c’est sa femme; la femme n’est pas propriétaire de son corps, c’est le mari ». Et: « Il n’y a plus ni homme ni femme, vous êtes tous un en Jésus-Christ »…) »Au sujet de ce que vous dites dans votre lettre, certes, il est bon pour l’homme de ne pas toucher la femme. Cependant, étant donné les occasions de débauche, que chacun ait sa femme à lui, et que chacune ait son propre mari. (…) À ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je déclare qu’il est bon pour eux de rester comme je suis. Mais s’ils ne peuvent pas se maîtriser, qu’ils se marient, car mieux vaut se marier que brûler de désir ».

1 Pierre 2 : 9 : Étonnant texte de l’apôtre Pierre, dont l’église catholique a voulu faire le premier et le modèle des papes, et qui dit que le sacerdoce, ce sont tous les croyants qui en sont chargés ! « Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal (c’est-à-dire: vous êtes tous prêtres !), une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, »

Chant: 47 – 02 – page 729: 1, 2, 3, 4

Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église vient d’être rendu public. Vous pouvez trouver sur internet un résumé (48 pages) de ces deux ans et demi de travail. Le rapport Sauvé (une douzaine de fois plus gros) est un choc pour les catholiques. C’est également un choc pour les non catholiques. En tant que concerné par l’évangile, on ne peut pas ne pas se sentir impliqué. L’ampleur des révélations de ce rapport touche l’église catholique en son cœur mais comment l’Évangile lui-même pourrait-il ne pas être atteint ? Comment expliquer l’hypocrisie ? Comment justifier la distorsion entre la parole et les actes ?  Beaucoup aujourd’hui se retrouvent autour de ces interrogations et leurs réactions vont légitimement de l’incompréhension au dégoût, de la souffrance à la révolte.

Il me semble difficile d’avoir aujourd’hui un culte en vérité sans faire place à cet événement, ou se contenter simplement d’une petite mention dans la prière d’intercession pour l’église catholique, notre mère (puisque le protestantisme est sorti d’elle) et notre soeur (puisque depuis cinq siècles nous cheminons côte à côte, et que rien de ce qui la touche ne nous est totalement étranger…)

Nous nous garderons d’être pharisiens, en disant ou pensant: « Ah! Chez nous ce n’est pas comme ça! » Ce n’est pas pour rien que dans nos cultes nous confessons nos péchés… Mais la Réforme, qui nourrit notre foi, depuis l’enfance ou plus tard, avait saisi à bras le corps les deux causes essentielles de ces scandales pour les supprimer.

 L’Église catholique ne pourra donc pas faire l’économie de deux réformes majeures: 1 – sur la sexualité, 2 – sur la prêtrise.

1 – Il faut qu’elle revoie son discours sur le désir et la sexualité. Rappelons qu’il y a moins de dix ans, dans son rapport préparatoire sur le synode de la famille, l’Église catholique présentait encore le couple formé par Joseph et Marie comme exemple pour les couples catholiques. Or c’est un couple sans sexualité puisque Marie, dans les dogmes catholiques, serait restée vierge. Est-ce raisonnable d’offrir un couple sans sexualité comme modèle du couple idéal ? À nier la place du désir, l’Église s’interdit de penser la sexualité et elle laisse le champ libre à toutes les déviations. L’hyperdéveloppement du culte de Marie, avec les dogmes de l’immaculée conception et de l’assomption, va dans le même sens…

D’autre part imposer au clergé le célibat (il faut rappeler que le célibat des prêtres n’est pas un dogme mais une règle de discipline, établie au deuxième concile du Latran en 1139. Il interdit le mariage des prêtres, prône le célibat, la chasteté et la continence), imposer au clergé le célibat est une autre manière de dévaloriser la sexualité, pourtant fondamentale dans l’existence humaine. C’est dire: « Vous, pauvres êtres ordinaires, vous êtes dirigés par des hommes qui sont à l’étage supérieur, débarrassés par leurs voeux et leurs obligations de cette sexualité qui marque et salit votre condition humaine, alors que ceux qui vous dirigent dans la vie spirituelle s’en sont affranchis ».

Rappeler 1 Cor. 7:  Le prêtre n’a pas ce recours face au désir, en raison de motifs d’ordres différents. « Il y a l’identification au Christ ». « Le prêtre serait un alter Christus (un autre Christ), comme l’a notamment rappelé le pape Paul VI en 1967, c’est-à-dire que comme le Christ il doit vivre dans la chasteté ». De plus, en renonçant à ce type de plaisirs terrestres, le prêtre peut voir plus loin. « En étant célibataire, le prêtre anticipe la fin des temps et la vie éternelle »; et une raison plus sociologique: « Un prêtre marié et père de famille serait moins disponible pour ses fidèles » (ce qui est contredit par la pratique protestante, où avec lze couple pastoral l’église a souvent deux serviteurs pour le prix d’un!).  Des soucis plus financiers ont pu encourager le célibat. « Un prêtre qui aurait charge de famille ne consacrerait pas ses revenus uniquement à l’Église » et lui coûterait plus cher.

Mais comme le disait Pascal, après Socrate et bien d’autres : « Qui veut faire l’ange fait la bête ».

Le protestantisme, dès son origine, a délivré les pasteurs de la loi du célibat. C’est un des points qui revient souvent dans les conversations familières avec les protestants: « Au moins, chez vous, les pasteurs peuvent se marier »… Et c’est une approbation à peu près universelle dans notre peuple, contre laquelle malheureusement la hiérarchie catholique s’arcboute avec entêtement.

2 – L’autre réforme nécessaire à l’église catholique sera de revoir sa compréhension du sacerdoce. Ce qu’on appelle la grâce de l’ordination est, oserai-je dire le mot, une véritable supercherie, qui fait croire au prêtre et au religieux qu’ils vivent dans un autre « étage » que celui de notre monde, selon d’autres règles, avec d’autres qualités et privilèges qui leur seraient donnés par Dieu; et qui fait croire au peuple des fidèles que les ecclésiastiques sont au-dessus d’eux, dotés d’une autorité surnaturelle. Vous savez que la famille est le premier lieu d’abus sexuels sur des enfants, parce que l’autorité naturelle des parents fait que l’enfant intériorise ce qu’il subit et se mure dans le silence. L’église catholique est le second lieu d’abus sexuels en nombre, pour le même genre de raisons dues à l’autorité, non pas naturelle cette fois, mais proclamée par le statut particulier de la prêtrise, qui les baillonne.

Le protestantisme s’en est affranchi dès la Réforme: le pasteur n’est pas un prêtre. Il a la responsabilité de la conduite d’une communauté mais pas d’autre autorité que celle d’une fonction démocratiquement précisée, et l’autorité morale que ses qualités personnelles peuvent développer, mais rien d’automatiquement surnaturel. La Réforme a proclamé le sacerdoce universel des croyants.: vous êtes tous prêtres!

Face à l’ampleur du choc causé par le rapport Sauvé, la hiérarchie catholique apporte, à ce jour, une réponse compassionnelle. On compatit pour les victimes. On appelle à la prière. On fait appel à l’humilité. Mais la compassion ne suffit pas ! Elle n’est pas à la mesure de la situation. La mesure est sans aucun doute celle d’une véritable révolution. Quand une institution permet de façon structurelle et systémique un développement aussi massif de la perversion,  c’est une institution qui, définitivement, est à révolutionner et à évangéliser. Mais quel travail en vue, quelle conversion, pour une institution qui s’est définie elle-même comme infaillible !

Derniers mots du rapport de la Commission Sauvé: Et nous formons le vœu que l’Église catholique qui a eu le courage et l’audace de nous saisir puisse maintenant s’emparer de nos réflexions et de nos propositions et conduire ce travail de la manière la plus ouverte, en interaction avec ses fidèles et dans un dialogue confiant avec le reste de la société.

Quant à nous, comment pouvons-nous aider notre église-soeur? En étant nous-mêmes fidèles à notre foi réformée, en particulier sur les deux points théologiques dont j’ai parlé (la sexualité et la prêtrise), sur lesquels la commission n’a pas osé se prononcer dans ses 45 recommandations, alors peut-être est-ce à nous, héritiers de la Réforme, de le faire; en étant clairs dans nos positions (comme j’ai essayé de l’être aujourd’hui), vivants et fraternels dans notre communauté et au-delà, attentifs à tous les dévoiements possibles – y compris parmi nous – et convaincants pour les rectifier. Amen.

Musique

Chant: 43 – 14 – page 652

Confession de foi: Éclairés et rassemblés par la Parole de Dieu, nous affirmons notre foi :

Nous croyons en Jésus-Christ que Dieu a envoyé dans notre monde, pour marcher sur des chemins où personne n’allait plus, pour trouver des hommes et des femmes à qui personne ne parlait plus ; pour donner la main là où l’on fermait le poing.
Nous croyons en Jésus-Christ que nous sommes ces gens vers lesquels il est venu, qu’il regarde, auxquels il parle, auxquels il donne la paix.
Nous croyons en Jésus-Christ qui nous envoie. Nous sommes ses pieds pour marcher sur des chemins de rencontre, ses yeux pour regarder les hommes et les femmes, sa bouche pour dire la parole qui relève, ses mains pour apporter la paix. Amen !

Spontané: Gloire à Dieu notre créateur

Intercession :

Dieu vivant, que Jésus nous a appris à appeler notre Père,nous venons à toi dans la prière, parce que nous voulons nous rattacher aux profondeurs de la vie et de l’amour, atteindre la plénitude de l’être, et aider les autres à l’atteindre aussi.
Nous voulons libérer notre regard de ce qui l’encombre, nous délier du manque de confiance, de la lâcheté ou de la colère qui nous retiennent attachés. Assurés en toi, adossés à ton amour, nous voulons oser, risquer, dans une dimension nouvelle de vie.
Là où nous sommes tentés de nous replier, ouvre-nous à l’inattendu, la surprise, y compris celle de recevoir ta Parole d’une manière nouvelle pour nous.
Là où nous nous crispons sur l’attente d’être aimés, donne-nous de ne pas trembler devant les circonstances de la vie mais de les affronter avec courage. Là où nous avons peur de manquer, donne-nous de regarder ce manque comme une source de fécondité ! Ouvre-nous au partage.

Notre prière, c’est aussi une manière d’accompagner les situations douloureuses et de remercier pour les situations heureuses.
Nous nommons aujourd’hui devant toi dans nos cœurs ceux et celles qui vivent un temps d’éclatement et de remise en question, un temps de deuil ou de maladie, un temps d’exil ou d’errance… Nous pensons à notre église-soeur, avec compassion mais avec l’exigence de la lucidité.
Nous nous réjouissons avec ceux et celles qui reprennent pied, et qui ont des envies pour demain…
Garde-nous accueillants à ceux et celles qui cherchent leur voie et vivent leur foi autrement que nous.
Préserve-nous de toute suffisance et donne-nous plutôt de témoigner de la largesse du regard que tu poses sur chaque être humain, ce regard que nous accueillons maintenant en disant la prière de tous les chrétiens :

Notre Père.

Exhortation :

Frères et sœurs, pour ce jour et cette semaine, que la paix de Dieu soit sur nous, que la paix de Dieu soit en nous, que la paix de Dieu soit par nous.

Bénédiction :

Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne dans vos cœurs.

Spontané: Que le Seigneur…

Musique de sortie

À propos de l'auteur

mm

Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.