Job ou le problème du mal. Un éloge de l’absurde d’Alain Houziaux
Cerf, 240 p., Janvier 2020, 18 €
Le livre de Job est déroutant à bien des égards : par sa composition disparate, par la psychologie de Job, par les propos de ses amis, par le long silence de Dieu… Assurément, le texte résiste. Comment pourrait-il en être autrement dans la mesure où il aborde une question redoutable pour tout croyant : si Dieu existe, pourquoi le mal ?
Variations sur le thème de l’absurde chez Alain Houziaux
C’est dans un registre spéculatif que se situe Alain Houziaux pour aborder l’histoire de Job. « Le livre de Job décline des variations sur le thème de l’absurde et ce, sur un mode qui est en lui-même assez déconcertant, voire quelque peu excentrique », écrit le philosophe et théologien. Un absurde sur lequel les discours des uns et les autres viennent se briser comme les vagues sur un rocher, explique-t-il. Ainsi les amis de job « veulent, mais en vain, récuser et dénier l’irréductibilité de l’absurde. Ce mal dont tu souffres, disent-ils à Job, s’explique tout à fait ; il a sa raison d’être, son utilité et son sens. Vois-le comme un signe que Dieu t’adresse. »
Mais suggère l’auteur, le tragique de cette histoire est moins dans les maux endurés par Job que dans le fait « que le Dieu auquel il croit, ainsi que ses amis, n’est pas le vrai Dieu. (…) Celui-ci est inconnu et inconnaissable. Il ne révèle aux hommes ni qu’il existe, ni sa volonté. (…) C’est un Dieu dont nous ne savons rien. » Ce Dieu prend pourtant la parole, pour faire « l’éloge d’un monde sans signification et sans sens ». Il « présente à Job le Réel tel qu’il est et non tel que Job le voit et voudrait qu’il soit », lui qui est « prisonnier de sa connaissance du bien et du mal ». Dieu « transfigure l’absurde » en décrivant un monde sublime où tout est « effervescence gratuite ». Aux pourquoi de l’homme, il n’y a pas d’autre réponse que la gratuité : Dieu est « Dieu pour rien ». Une découverte qui suffit pour apaiser les angoisses de Job et lui redonner goût à la vie.
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