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Un message de Claude Heymann à Olivier Richard-Mollard

Bonsoir cher Olivier,

 

La situation est bien complexe d’autant que les déclarations des uns et des autres ne dévoilent que les intérêts particuliers sans prendre en compte la situation dans sa globalité. Ce que je constate ici c’est un grand élan d’entraide et de solidarité, sans que l’on sache de quoi demain sera fait. Les israéliens ont compris, je pense, que la division interne est pire que le Hamas.

 

Par ailleurs, il y a de nombreux jeunes qui meurent, à vingt ou vingt-deux ans, ils sont souvent mariés et il y aura des milliers d’orphelins de guerre. Je ne parle pas des amputés et des « gueules cassées », cela fait froid dans le dos.

 

Le consensus est néanmoins de réduire au maximum les capacités militaires du Hamas et son hégémonie sur Gaza. Les familles des otages sont quant à elles divisées sur la conduite à tenir. Globalement le pays fait bloc derrière le gouvernement et l’armée. Les manifestants, peu nombreux, sont mal vus par la grande majorité des électeurs d’un camp ou de l’autre.

 

Plus largement, l’Autorité palestinienne étant très affaiblie, elle aura du mal à se montrer une vraie interlocutrice. Qui prendra les rennes de ce territoire dévasté après les combats ? Seuls des gazaouis un peu réalistes pourront donner la réponse politique à cette question. Wait and see.

 

La cour internationale de La Haye sait très bien qu’il n’y a pas, de la part d’Israël de volonté génocidaire, d’autant que de nombreux soldats tombent au combat après avoir respecté les consignes internationales.,Les israéliens se sentent trahis et sont à bout de patience. Cela fait soixante-quinze ans qu’on leur promet des frontières sûres et qu’elles ne sont toujours pas tracées. On ne peut pas définitivement adopter les attentats et les roquettes comme mode de discussion. Cela finit par être un non langage.

 

Je crois avoir fait le tour ! Mais je vois que je n’ai pas parlé de la frontière nord où des combats meurtriers pour les deux camps risquent de s’engager si le Hisbola empêche encore longtemps la région nord de fonctionner normalement. Mais alors Beyrouth risque d’être rayée de la carte ; Nasralla y trouvera-t-il un intérêt ? Question !!!

 

En attendant, le pays tente de retrouver un semblant de normalité… Nous allons bien, mais le moral est en dents de scies.

 

C’est toujours un plaisir de s’écrire.

 

Très cordialement

 

Claude

Le 18 février 2024

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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