Les pastorales Pays cévenol

Rencontre des pasteurs retraités en pays cévenols

Jean-Luc Blanc : Pasteur en pays islamique

Enfin, après 2 ans d’arrêt le Jeudi 17 novembre, la pastorale des retraités organisée par Richard Dahan a pu se retrouver pour une journée au centre Béthanie à Bagard. Joie des retrouvailles, même si plusieurs d’entre nous n’ont pas pu être présents, des nouveaux visages ont également rejoint le groupe. Après un moment d’échange de nouvelles, c’est le pasteur Jean-Luc Blanc, pasteur à Anduze-Bagard, qui anime la journée, sur le thème : « Pasteur en pays islamique ».

Jean-Luc Blanc

Jean-Luc Blanc

Jean-Luc Blanc a exercé son ministère au Maroc, durant plusieurs années, et garde des engagements dans ce pays qu’il connaît bien, où il se rend régulièrement. Jean-Luc a été secrétaire général du Defap, membre du GRIC (Groupe de Recherche Islamo-Chrétien) pendant 9 ans, puis membre du GAIC (Groupe des amitiés islamo-chrétiennes) pendant 8 ans, et enfin de la commission des relations avec l’Islam de la FPF. Jean-Luc, en tant que pasteur au Maroc, a été amené à se poser des questions sur l’islam et à s’engager dans des groupes de réflexion et de dialogue avec l’islam. Mais cette problématique n’est pas seulement pertinente au Maroc, car le temps de l’identification des religions avec un territoire est passé, partout il y a une interpénétration des religions. Par exemple : le Centre Béthanie accueille un groupe de femmes soufis qui s’y réunissent régulièrement. Celles-ci étaient protestantes et sont devenues musulmanes. La première difficulté qu’on rencontre face à l’islam c’est l’ignorance, les musulmans ne se reconnaissent pas du tout dans ce que l’on peut dire d’eux. La deuxième difficulté est de trouver les ouvertures possibles pour entamer un dialogue. La situation au Maroc est particulière car le roi du Maroc est ouvert au dialogue et il veut que cela se sache, d’ailleurs son 1er conseiller est juif et le ministre des affaires islamiques a toujours été en lien avec l’Église Protestante du Maroc.

Le dialogue se fait à différents niveaux :

  • Dialogue dans la vie courante, avec les gens de base dans le quotidien de l’existence.
  • Dialogue d’engagement, on fait des choses ensemble pour le pays comme l’association que Jean-Luc nous présentera dans l’après-midi.
  • Dialogue avec des intellectuels. Au Maroc existe une université royale qui dépend du palais dans laquelle le roi a voulu qu’il y ait une mosquée, une synagogue et un lieu de culte chrétien. C’est une femme théologienne protestante qui est aumônière de ce lieu.

Ces dialogues renouvellent notre regard sur notre propre tradition, on en sort transformé. Il est essentiel qu’ils soient fondés sur les Écritures, il existe plusieurs textes de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament pour nourrir ce dialogue.

Les points de rencontres entre christianisme et islam

L’idée de différence ne suffit pas à expliquer ce qui se passe dans les rencontres. Les choses ne sont pas tranchées dans les frontières entre les religions. Il y a des musulmans qui pensent pouvoir vivre leur foi chrétienne de manière individuelle en continuant à faire partie de la communauté musulmane. Ce sont des mouvements qui prennent de l’ampleur dans le monde. (Il existe plusieurs livres qui témoignent de cette réalité.[1]) Mais les missionnaires évangéliques essayent de faire sortir ces personnes de l’entre deux. Pourtant les charnières, même si parfois elles coincent, sont importantes car elles permettent de bouger, de changer. Notre rôle de chrétiens, c’est de s’appuyer sur les personnes ouvertes au dialogue pour le poursuivre et l’approfondir.

À midi, pause avec un bon repas, une méditation, un temps de chants et de prière.

Ensuite, Jean-Luc Blanc nous présente une œuvre de l’Église protestante du Maroc dans la province de Tata qui a débuté en 1970, initiée par le médecin Pierre Parodi, M. Bonnet ingénieur agronome et le pasteur Schmitt. Il s’agit de lutter contre la désertification des oasis en construisant des puits et en élaborant un projet global permettant à la population de vivre dignement grâce à la plantation de palmiers, d’arbres fruitiers et de légumes. Pour cela une association ALCESDAM (association de lutte contre l’érosion la sécheresse et la désertification du Maroc) association interreligieuse et interculturelle a été créée.

Bref, ce fut une journée riche et bien agréable, merci à Jean-Luc, à Marlène pour l’accueil à Béthanie. Nous avons bien envie de revenir !

Fabienne Ambs-Szafarczyk

[1] A Wind in the House of Islam, David Garrison, édition Windinthehaous,

Musulmane et disciple du Christ, Chahina Marie BARET  éditions Jésuites Fidélité
Pilgrims of Christ on the Muslim Road. Exploring a Ne

w Path Between Two Faiths, de Paul Gordon Chandler, Comley Publications

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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