Que la fin nous illumine
Sombre ennemi qui nous combats et nous resserres
Laisse-moi, dans le peu de jours que je détiens,
Vouer ma faiblesse et ma force à la lumière:
Et que je sois changé en éclair à la fin.
Moins il y a d’avidité et de faconde
En nos propos, mieux on les néglige pour voir
Jusque dans leur hésitation briller le monde
Entre le matin ivre et la légèreté du soir.
Moins nos larmes apparaîtront brouillant nos yeux
Et nos personnes par la crainte garrottées,
Plus les regards iront s’éclaircissant et mieux
Les égarés verront les portes enterrées.
L’effacement soit ma façon de resplendir,
La pauvreté surcharge de fruits notre table,
La mort, prochaine ou vague selon son désir,
soit l’aliment de la lumière inépuisable.
Philippe Jaccottet
Oeuvres, La Pléiade, p.160.
Leave a Comment