Nous nous sommes retrouvés comme à l’habitude au Centre Val de l’Hort à Anduze, pour notre pastorale d’automne où nous avions le privilège d’accueillir Lytta Basset, professeur honoraire de l’Université de Neuchâtel. La notoriété de Lytta fit que nous étions plus nombreux que d’habitude, une bonne quarantaine de personnes. Lytta Basset intervenait sur le thème d’un de ses ouvrages à succès paru en 2014 : Oser la bienveillance. Dans son livre, elle définissait elle-même l’intention de ce travail en écrivant : « Le titre du livre n’est pas trompeur, il sera bel et bien question de bienveillance. Mais il nous faut auparavant mesurer combien elle nous a manqué. Et prendre le temps d’une véritable rééducation spirituelle qui nous permette de jeter un autre regard sur notre humanité ». Devant un public tout à son écoute, elle exprime d’abord ce qui chez elle, reste une incompréhension totale : l’impact du dogme du péché originel dans l’histoire de l’Occident : « Il est surprenant de voir à quel point on a pu inventer des choses qui n’ont rien à voir avec les textes bibliques… » Elle précise ensuite : « Qui croit encore au péché originel ? Les Eglises elles-mêmes n’en parlent plus guère, et la sécularisation nous fait ranger ce dogme au rang des vieilleries moralisantes. Et pourtant ! Après avoir terrorisé nos ancêtres, il fait encore sentir ses ravages dans bien des domaines, et notamment celui de l’éducation : que nous le voulions ou non, nous avons intégré cette perception négative de la nature humaine, et la reproduisons sans cesse. Elle nous dit avoir voulu revisiter cette histoire d’un occident écrasé par le dogme du péché originel : « Notion profondément nocive qui remonte à Saint Augustin et qui contredit les premiers Pères de l’Eglise. Pour Lytta Basset, l’Évangile nous invite à un autre regard : « Ce pessimisme radical est totalement étranger à l’Évangile : tout au contraire, les gestes et paroles de Jésus, notamment dans sa rencontre lumineuse avec Zachée, nous appellent à développer un autre regard sur l’être humain, fondé sur la certitude que nous sommes bénis dès le départ, et le resterons toujours. Appuyé sur le socle de cette Bienveillance originelle, chacun de nous peut oser la bienveillance envers lui-même et envers autrui, et passer ainsi de la culpabilité à la responsabilité ». Dans l’entretien qui suivit, des points de vue se sont exprimés pour confirmer les propos de Lytta Basset. Il fut dit qu’il ne fallait pas se laisser diviser intérieurement, que l’important était la confiance accordée aux autres, qu’il fallait établir une relation dans la joie, qu’il fallait par amour donner des limites à l’enfant. En début d’après midi Alain Baccuet nous fit un excellent culte. Ce fut une bonne journée. Merci aux organisateurs !
Enguerrand Waag
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