Communauté Récits

Les pasteurs bénévoles auprès de la Communauté Protestante Francophone de Berlin

Ils sont venus du sud de la France (Jean-Pierre Feuillie, Olivier et Hildegard Roux, Alain Rey) ; de la Suisse romande (Jean Jacques Maison, Claude Vallotton, Marco Pedroli, Georges Kobi, Martine Matthey) ; d’Alsace (Michel Roerig, Roger Foehrlé) ; d’Allemagne (Otto Schaefer-Guigné) . Ils étaient réformés ou luthériens, ils ont donné deux ans, parfois trois ans de leur vie de retraités pour accompagner une petite communauté qui depuis 1994 au centre d’un Berlin à nouveau réunifié essayait de préserver son identité réformée et francophone.   En effet, grâce à l’engagement de quelques-uns, la paroisse franaise avait survécu à la fin de l’aumônerie militaire après le départ des troupes alliées. Au moment où se dessinait peu à peu une communauté, il fallait trouver un pasteur qui soit le berger de ces fidèles unis par le projet d’une église française à Berlin. Comme les moyens financiers ne suffisaient pas pour payer un poste de pasteur, l’idée est venue de faire appel à des pasteurs bénévoles et ce par tous les canaux possibles : contact avec les universités de théologie et les responsables de ressources humaines en France et en Suisse, presse protestante.
Il fallait un guide spirituel et les pasteurs qui ont été en poste au début de la constitution d’une communauté-si petite soit-elle-l’ont bien compris : chacun  a accompagné spirituellement des paroissiens qui venaient chercher dans le Sauermann-Salon puis dans la salle Casalis de l’Eglise du Gendarmenmarkt un lieu de paix et de prière au milieu d’un Berlin très électrisé par les bouleversements conséquents à la chute du mur et la réunification de deux sociétés longtemps étrangères l’une à l’autre, celle des « Ossis » et celle des « Wessis ».

Les premiers pasteurs bénévoles ont dû organiser la vie de paroisse dans une improvisation permanente en ce qui concerne les lieux de culte, la recherche de membres et de soutiens possibles, l’entretien des rapports avec la CEEEFE et surtout la recherche d’une identité face à la paroisse huguenote forte de son passé d’église du « Refuge » Les protestants francophones étaient tolérés , accueillis mais pas forcément reconnus par la grande soeur allemande et il a fallu beaucoup de finesse diplomatique de la part des pasteurs Feuillie et Maison (soutenus par l’engagement du président du Conseil Anschütz) pour aboutir au traité de fusion de l’année 98: à partir de ce moment a pu être définie l’autonomie de la vie de la paroisse et de sa gestion.

En même temps l’engagement financier de la paroisse allemande garantissait la survie de cette paroisse devenue autonome (gestion d’un budget- modeste !, mise à disposition d’un appartement pastoral.).

Vers les années 2000 la paroisse française a accueilli de nombreux ressortissants de pays francophones, en particulier d’Afrique de l’Ouest. Les échanges entre cultures religieuses différentes ont apporté des innovations liturgiques comme une plus grande place donnée à la louange, les cultes du souvenir( ?), la forme de cultes participatifs. Les pasteurs suisses ont comme l’a dit l’un d’eux «découvert l’Afrique à Berlin » mais le fait que leur pays n’ait pas de passé de colonisation a facilité le dialogue entre les communautés européenne et africaine.

Chaque pasteur a apporté son regard, ses idées, sa façon de mener les débats au sein du conseil, de concevoir la liturgie. Par exemple les pasteurs suisses n’ayant pas de déroulement liturgique unitaire ont été à l’origine d’une grande souplesse dans la manière de mener les cultes. Ou encore : un pasteur français a fait adopter les règlements de l’EPUF comme fil directeur dans le déroulement du conseil et de l’assemblée de paroisse.  Un autre a organisé des réunions de prières par « Zoom », des débats et des rencontres en ligne, permettant ainsi à notre communauté d’être en lien avec d’autres paroisses en Europe et dans le monde, avec d’éminents intervenants parfois. Chaque pasteur a apporté une pierre à la structuration de la vie de la paroisse par la diversification des types de cultes, par la formation des prédicateurs laïques, l’organisation de rencontres, la poursuite des échanges avec les pasteurs allemands. Certains pasteurs autrefois en poste à Berlin reviennent parfois en été pour assurer des suffragances.

L’engagement des pasteurs bénévoles a indéniablement permis à la Communauté protestante française de Berlin de s’affirmer de plus en plus, d’être reconnue et d’être un lieu où tant de visiteurs disent se sentir accueillis.

Claudine Hornung

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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