Communauté Récits

L’aumônerie militaire à Berlin

A la chute d’Hitler, entrainant la fin du nazisme, l’Allemagne a été occupée par les vainqueurs, et donc découpée en 4 secteurs, un Soviétique, un Américain, un Anglais et un Français …

Il en fut de même de la ville de Berlin, et le Pasteur Georges CASALIS, qui était l’aumôner protestant des forces françaises s’installant à Berlin se trouva sur place, et entreprit de créer une paroisse protestante de langue française avec les militaires protestants et leurs familles, et les civils protestants francophones de cette zone.

Après le procès de Nüremberg, un certain nombre de dirigeants nazis ont été condamnés à mort, et 7 d’entre eux (1) à des peines de prison, à la prison de Spandau, qui se trouvait en secteur britannique. La question de l’aumônerie de ces prisonniers s’est posée alors. Les prisonniers étant tous d’origine protestante, il y eut une discussion entre les puissances occupantes. Les soviétiques n’ayant pas d’aumônerie, il restait les 3 pays occidentaux. La Grande Bretagne a refusé le poste (ces prisonniers n’étaient pas fréquentables…) les Américains se sont heurtés à un véto soviétique, il ne restait donc plus que la France !

Le Pasteur Georges CASALIS sortait de la Résistance et il avait rejoint l’Aumônerie Militaire au passage des Armées qui libéraient la France. Il n’avait donc pas une sympathie particulière pour les nazis, mais sa conscience professionnelle le conduisit à accepter ce poste, qui fut donc confié à la France.

Ainsi s’installait à Berlin une paroisse « type CEEEFE (2) » et l’aumônerie de la prison sous la responsabilité pastorale de l’Aumônerie Protestante aux Armées. Cela obligea l’aumônerie à nommer toujours un pasteur parfaitement bilingue, ce qui fut donc le cas de la fin de la guerre jusqu’à la destruction de la prison de Spandau après la mort de Rudolf HESS, le dernier prisonnier, en 1987. Le Pasteur de Berlin à ce moment-là était Michel ROEHRIG, qui donne un témoignage par ailleurs dans ce journal.

Ainsi grâce à la présence de l’aumônier, un pasteur français a été présent à Berlin de 1945 à la chute du Mur de Berlin, la réunification de l’Allemagne et le départ des forces étrangères. Ce pasteur était pris en charge matériellement par l’Armée (salaire, logement, voiture). Il avait à sa disposition une chapelle et des salles de réunion pour l’école du dimanche, le catéchisme et autres activités, qui fut inaugurée par le Pasteur Marc BOEGNER, alors Président de la Fédération Protestante de France. Par ailleurs, le Sénat de Berlin avait offert un orgue qui au départ des troupes, a été démonté puis remonté à la chapelle protestante de l’Ecole d’Officiers de St Cyr-Coetquidan.

Après ce départ de l’Armée et la réunification de Berlin, c’est la CEEEFE qui a pris le relais pour cette paroisse, mais évidemment avec beaucoup moins de moyen. Ne pouvant pas payer de pasteur nous avons fait appel à des retraités, le plus souvent Suisses. L’Eglise Huguenote de Berlin a offert l’appartement ainsi que des salles pour le culte et les autres activités.

Ainsi se prolonge la présence d’une communauté protestante de langue française à Berlin.

Pasteur Yves GOUNELLE

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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