Le Professeur Didier Sicard s’étonne du changement anthropologique très rapide entre le temps de ses études et aujourd’hui, notamment dans trois domaines : le rapport au corps, le numérique et la biologie.
L’étudiant d’aujourd’hui ne voit plus de mort, l’autopsie est devenue scandale. L’adolescent est anéanti sans son portable. Quant à la biologie, elle se croit porteuse d’une vérité très nouvelle alors que la première naissance in-vitro nous vient de l’INRA. L’humain s’enorgueillit des promesses de la science pour son avenir, et le monde ancien n’existe plus : Ah ? il faut des gamètes pour faire un enfant ?
Didier Sicard se demande si ce nouveau rapport au monde génère un conflit potentiel entre ce que la science et la Bible nous disent de l’homme. Si l’humain est abreuvé de rêves de pouvoir, qu’est-ce qui en fait encore un humain en recherche ? Où est le sentiment essentiel du manque ? Quel sens donner à sa vie ?
Et quelle est la place du croyant dans cette quête ? Est-ce que sa foi hypothèque, voire invalide son accès à la biotechnologie et à la réflexion éthique ?
Est-ce qu’on parlera désormais de fabrication d’humains, plutôt que d’engendrement parce qu’on aura confié au seul domaine médical la pré-naissance, la naissance, la mort, la réparation, la parenté et la filiation ? Et comment le politique prend-il ses décisions, face aux appétits opportunistes du marché ?
L’éthique n’est pas qu’un frein à cette science « TGV », mais un moyen de réfléchir avant de monter dans ce train. Se souvenir que s’intéresser à la parole du malade et à son humanité n’est pas l’apanage de la religion. La médecine permet presque tout, mais affirmons que la mort n’est pas un échec, et que le dépistage, la course aux services d’urgence, la non-vaccination et le seul soin du soi ne dispensent pas de la quête du sens et l’attention aux plus déshérités et aux plus fragiles.
Martine Labois
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