« Les guérisons de Jésus dans l’Evangile de Luc » par Christiane Dieterlé
La recherche actuelle travaille beaucoup sur l’approche a-culturelle des textes qui tient compte de la culture ambiante. On remarque par exemple que le mot évangile est un mot en usage dans la culture de l’époque ainsi
que le mot seigneur. L’Evangile de Luc auquel nous nous intéressons laisse entendre que Luc était plus grec que les auteurs des deux autres évangiles synoptiques. Cela transparait dans sa manière de raconter les événements. Dans le monde gréco-romain, la maladie est l’affaire des dieux. Elle est le résultat d’une faute commise pour laquelle les dieux retiraient leur protection et envoyaient des démons. Dans les cinq exorcismes rapportés par Luc il est fait allusion à un démon. Le judaïsme populaire assume ces pratiques.
La médecine de l’époque est religieuse. Elle est pratiquée par des médecins qui opèrent dans des sanctuaires. Le fondement de la guérison est le rêve, accompagné d’oracles. Apparait aussi une médecine scientifique à l’exemple de celle que pratiquait Hippocrate. Il développait une déontologie qui établissait une relation contraignante entre le soignant et le malade. Les soignants se formaient dans des écoles de médecine qui ne donnaient pas de diplômes, ce qui entrainait une pratique évidente du charlatanisme. Ce type de médecine affirmait que les dieux n’étaient pas concernés par la maladie ce qui avait pour conséquence l’accusation d’athéisme. Jésus faisait sans doute partie de cette catégorie de médecins
Jésus n’envoyait personne se faire soigner au sanctuaire, c’est lui qui allait vers le malade. Il ne soigne ni par rêve ni par hypnose et la guérison qu’il obtient est toujours liée à un enseignement. Luc décrit soigneusement les malades qui entrent en dialogue avec lui. Il soigne gratuitement avec « puissance » et respecte le malade. En Luc 4/14- 41 il se dit prophète et médecin et présente Elie comme la figure prophétique de Jésus. Il insiste sur l’humanité de Jésus qui ne guérit pas par sa puissance propre.
Jean Besset
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