ECHOS DU FESTIVAL DE CANNES 2018
71e Festival de Cannes 45e Jury œcuménique
Le Jury œcuménique
Six jurés ont été nommés par SIGNIS (Association Catholique Mondiale de la Communication) et INTERFILM (Organisation Protestante Internationale du Cinéma) Chrétiens engagés, théologiens, journalistes, enseignants, tous passionnés de cinéma, ils délibèrent en toute indépendance – et remettent un prix en Sélection officielle. Cette année ils viennent de 3 continents. Pour SIGNIS: Inès Mendès GIL, Portugal, Présidente, Richard LEONARD, Australie, Pierre-Auguste HENRY, France. Pour INTERFILM: Alain LE GOANVIC, France, Robert K JOHNSTON USA, Thomas SCHÜPBACH, Suisse.
Les critères
Grande qualité artistique. Message évangélique: un film aux qualités humaines positives. Responsabilité chrétienne: dignité humaine, solidarité avec les minorités, paix, justice, réconciliation… Dimension universelle…
Les invités
ont participé au culte, à la messe ou à la célébration œcuménique. SIGNIS a accueilli Mgr Hervé GIRAUD, archevêque de Sens et Auxerre, Mgr Norbert TURINI, président du Conseil de la Communication de la CEF, Mgr André MARCEAU, évêque de Nice. INTERFILM a accueilli Mme Christiane ENAME, vice-présidente de la Fédération Protestante de France, le pasteur Christophe ENAME, de Créteil, le pasteur Sibylle KLUMPP, présidente de la région PACCA de l’Eglise Protestante Unie.
Un Festival mobilisé après l’affaire WEINSTEIN –
– Contre le harcèlement sexuel. Chaque festivalier a reçu un papillon donnant un numéro d’urgence bilingue à appeler pour toute victime ou témoin de violences ou harcèlement sexiste ou sexuelle. Et il y a eu de nombreux appels…
– Pour une meilleure visibilité des femmes réalisatrices. Le samedi 12 mai 82 femmes ( actrices, cinéastes, productrices, techniciennes) ont foulé le tapis rouge. Mais s’arrêtant au milieu des marches, elles ont fait silence puis rappelé qu’en 70 ans à Cannes, 1688 réalisateurs hommes ont été sélectionnés en compétition pour seulement 82 femmes (5 %) 70 palmes d’or pour les hommes, 1 pour les femmes ( la leçon de piano de Jane CAMPION) L’écart est tellement énorme qu’il pose aujourd’hui un certain nombre de questions et appelle à plus d’ouverture et d’égalité.
Une charte va être signée pour qu’il y ait parité dans tous les comités de sélection.
Toutefois j’aimerais noter que toutes sélections confondues une vingtaine de films sur environ 90 longs métrages traitent de questions sexuelles: homosexuel, bisexuel, transsexuel, prostitution, pornographie, viol, l’amour à 3, sextape, fellation et plus encore… Air du temps ?… provocation, (car certains films sont interdits dans leur propre pays) libération… Un thème important mais envahissant cette année. Pourquoi ? A suivre.
- 2018 Année anniversaire de 3 personnes qui ont marqué leur siècle par leur lutte pour la dignité humaine, la justice et l’égalité.
- Martin Luther King assassiné il y a 50 ans .
- Nelson Mandela qui aurait 100 ans cette année
- Lord Brougham mort à Cannes il y a 150 ans. Lord Brougham moins connu que les 2 autres, politicien, orateur, grand chancelier de la Grande Bretagne. Il a perdu son titre à cause de sa lutte contre l’esclavage. Il est venu à Cannes, en exil, y a vécu plus de 30 ans devenant père fondateur de cette petite commune de pécheurs.
Dignité humaine, justice, abolition de l’esclavage, de la ségrégation: les lois ont changé, leur ont donné raison. Mais les mentalités n’ont pas toujours suivi et les films témoignent de situations encore insoutenables, inadmissibles, révoltantes. Le Jury œcuménique a été sensible à ces situations de détresse, de haine et d’injustice.
Le choix du Jury œcuménique
Prix: Capharnaüm de Nadine LABAKI (Liban) avec la motivation suivante: « Tout au long de la Compétition, ce sont les femmes et les enfants, les migrants et les parias, qui ont démontré par leur persévérance et leur ingéniosité, leur amour et leur courage, toute la force de l’esprit humain. Zain, un garçon de 12 ans, attaque ses parents en justice pour lui avoir donné la vie. A travers l’histoire de Zain, la réalisatrice expose sans concession l’enfance maltraitée et propose un voyage initiatique empreint d’altruisme ».
Mention spéciale: BlacKKKlansman de Spike Lee ( USA) « Le Jury attribue une mention spéciale à Blackkklansman, un cri d’alarme contre un racisme persistant, pas seulement aux Etats-Unis, mais par-delà le monde. Mêlant humour et effroi, le film condamne l’appropriation perverse de la religion pour justifier la haine ».
Personnellement je recommanderais aussi les films
- Yomeddine de A.B.Shawky, Egypte Prix François Chalais Un homme lépreux mais guéri tente de survivre au quotidien. Avec un enfant orphelin ils tentent de retrouver leur famille, leurs origines. Un road movie poétique, une invitation à voir autrement. Une ode à la vie, à l’amitié, à la tolérance.
- Une histoire de famille de Kore-Eda Hirokazu, Japon Palmed’or Critique de la société japonaise et de ses modèles économiques et culturels. Un vrai capharnaüm. Avec humour le réalisateur privilégie la tendresse dans une famille d’adoption qui frôle toujours la catastrophe.
- Le pape François, un homme de parole de Wim Wenders, France – Hors compétition Wim Wenders a suivi le pape qui des Nations Unies aux favellas, parle aux puissants, aux humbles, aux pauvres, aux victimes. A plusieurs reprises le film évoque St François d’Assise puis présente le pape en gros plan qui nous interpelle sur la pauvreté, l’accueil des migrants, la justice sociale, le partage…Une parole forte. Qui l’entendra ?
En conclusion:
Entendu lors d’une conférence de presse: « N’oublie pas, on n’est jamais suffisamment triste pour que le monde soit meilleur » Alors au lieu d’être tristes, soyons optimistes, engagés, chrétiens responsables, cinéphiles convaincus et notre monde demain sera meilleur
Pasteur Denyse MULLER, Présidente d’INTERFILM France, Vice-Présidente d’INTERFILM International
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