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Ukraine : « Nous avons besoin du patriarche » déclare le secrétaire général élu du COE

Le secrétaire général nouvellement élu du Conseil œcuménique des Églises (COE) estime qu’avoir grandi en Afrique du Sud, pendant une période de conflit et de souffrance, lui sera très utile lorsqu’il prendra ses fonctions à la tête de l’organisation œcuménique, en janvier, en tant que leader convaincu de la valeur du dialogue.

Lors de sa réunion du 17 juin, le Comité central du COE a élu le pasteur Jerry Pillay en tant que neuvième secrétaire général, pour la plus grande joie des Sud-africains qui se réjouissent que, pour la première fois, l’un des leurs soit secrétaire général du COE.

Le nouveau secrétaire général a tenu une conférence de presse hybride au cours de laquelle il a été interrogé, entre autres, sur sa vision du COE et sur sa prise de fonctions – des questions auxquelles il a semblé répondre avec aisance.

« Notre mission n’est pas de jouer à l’Église, mais de suivre les commandements de Dieu », a déclaré le pasteur Jerry Pillay, de l’Église presbytérienne unifiante d’Afrique australe et actuellement doyen de la Faculté de théologie et de religion de l’Université de Pretoria.

« Pour moi, les notions de justice et d’unité sont cruciales. Je pense que l’unité est la mission principale du COE, qui doit, selon moi, continuer à travailler à l’unité visible, mais également à l’unité chrétienne, si importante. Et, je le répète, le témoignage d’une Église divisée est faible, amoindri, et fragile, face à un monde profondément fragmenté ».

Et le nouveau secrétaire général d’insister sur le fait que, si l’unité est importante, la justice l’est tout autant. « Certaines personnes ont tendance à privilégier l’une par rapport à l’autre. Pour ma part, je les mets sur le même pied d’égalité », a-t-il déclaré, rappelant que le Dieu de justice nous appelle « à prendre soin des pauvres et des laissés pour compte […] et à nous tenir aux côtés des opprimés et de leurs souffrances ».

Le combat du COE contre l’apartheid

« Et le COE l’a fait dans le passé. Moi qui viens d’Afrique du Sud suis particulièrement bien placé pour savoir que le COE a joué un rôle vital dans le démantèlement de l’apartheid, en se tenant aux côtés des chrétiens par solidarité », a expliqué Jerry Pillay.

Jerry Pillay était l’un des deux candidats au plus haut poste administratif du COE, avec madame Elizabeth Joy – la première femme à être présélectionnée comme candidate au poste de secrétaire général dans l’histoire du COE.

Lorsque Jerry Pillay était à l’université, dans les années 1980, les institutions sud-africaines appliquaient la ségrégation pour les étudiants de premier cycle. En tant qu’Indien sud-africain, il a donc dû fréquenter l’Université de Durban Westville. Plus tard, il a obtenu un doctorat auprès de l’Université de Rhodes, laquelle avait longtemps été réservée aux Blancs.

Interrogé par un journaliste au sujet du patriarche Cyrille de Moscou « qui soutient la guerre agressive et brutale menée par la Russie » en Ukraine, et si cela pouvait entraîner la suspension de l’Église orthodoxe russe du COE, Jerry Pillay a répondu que « le COE prônerait toujours le dialogue et l’échange, afin de rassembler et de poser la question à chacun : qu’est-ce qui motive et inspire nos actes ? ».

« Nous avons besoin du patriarche », a-t-il poursuivi. « Nous avons besoin que l’Église orthodoxe russe prenne part à ces conversations avec nous. Car, sans elle, aucun échange n’est possible. C’est pour cette raison que nous n’envisageons pas pour le moment sa suspension. Encore une fois, nous prônons avant tout le dialogue ».

Une compréhension plus profonde

Car, selon Jerry Pillay, c’est le seul moyen d’acquérir une « compréhension et une appréciation plus profondes des problèmes, et d’être en mesure de prendre de meilleures décisions, basées avant tout sur la sagesse ».

Alors qu’on lui demandait de s’exprimer sur ses origines sud-africaines, Jerry Pillay a déclaré qu’il était d’origine indienne mais qu’il était né et avait grandi en Afrique du Sud. « Mais je n’ai jamais eu aucun lien avec l’Inde », a-t-il souligné. « C’est mon arrière-arrière-grand-père, cinq générations avant moi, qui est venu en Afrique du Sud ».

« Je me suis rendu plusieurs fois en Inde, et ai tenté de me reconnecter à mes origines. Mais, en réalité, je me sens profondément Sud-africain, même si je porte en moi quelque chose de l’Inde ».

Enfin, répondant à une question sur l’Afrique du Sud de Demond Tutu et Gandhi, Jerry Pillay a déclaré que l’une des choses qui a permis aux Sud-africains de ne pas sombrer à la folie dans une société divisée par l’apartheid était « notre spiritualité ».

« Durant la période sombre de l’apartheid, j’allais souvent dans les townships (noirs). J’étais alors profondément inspiré – voire parfois troublé – par le fait de voir les gens rire, prier, se réjouir, et danser dans les rues. Je me demandais alors : comment cela est-il possible au milieu de tant de souffrance ? Et puis, très rapidement, j’ai réalisé que c’était grâce à la spiritualité ».

Madame Agnes Abuom, présidente du Comité central du COE, et l’évêque Mary Ann Swenson, vice-présidente, ont également répondu aux questions des journalistes. Notamment, Mary Ann Swenson a rappelé qu’un nouveau Comité central serait élu lors de la 11e Assemblée du COE.

Source COE : https://www.oikoumene.org/fr

 

 

 

About the author

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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