Voici l’homme !, Collection « À voix haute », Conférence de l’IPT, coordonnée par Céline Rohmer, Olivétan Éditions, 2020, 93 p., 12,00 €
En partenariat avec l’Institut Protestant de Théologie (IPT), les éditions Olivétan inaugurent une nouvelle collection « À voix haute ». Céline Rohmer coordonne la collection. Dans ce premier opus « Voici l’homme ! », quatre conférences données par quatre professeurs de l’IPT sont rassemblées :
Christophe Singer : une religion peut-elle être violente ? Conférence donnée à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ACAT – région Alpes du Nord, le 21 novembre 2019 à Chambéry. Christophe Singer propose un parcours en trois étapes : 1 – la violence comme fait humain, 2 – la violence comme fait religieux, 3 – sortir de la violence. C’est une réflexion qui résonne fort dans notre actualité : « On comprend pourquoi la religion… est non seulement un lieu de violence, mais le lieu de la violence : parce que ce qui fonctionne comme Dieu n’est autre que ce qui est projeté comme objet de cette quête. Parce que le Dieu devant lequel je m’incline en m’écriant « sauve-moi ! » est, par le même mouvement, celui auquel je m’abandonne pour qu’il ne m’abandonne pas« . Il y a une part indépassable de la violence. Je ne peux en sortir qu’en revenant sans cesse au cœur de la foi chrétienne : « Dès lors, la non-violence cesse d’être une idéologie qui se dresse en face de la violence dans une symétrie vaine et risquée. Elle devient le fruit partageable d’une expérience qui a pour nom la croix et la résurrection dans la foi ».
Nicolas Cochand : La prière dans la tradition réformée et dans celles qui l’ont influencée. Conférence donnée en 2012 à Bordeaux, dans le cadre d’un cycle de réflexion organisé à l’occasion de la mise en place d’un nouveau temps de prière communautaire.Olivier Cochand revisite différentes manières d’être en prière : Luther, Calvin, la grande tradition œcuménique avec Bernard de Clairvaux, Jean de la Croix, Saint-Augustin, mais aussi avec la tradition orthodoxe, Taizé et les mouvements piétistes et revivalistes. La spiritualité réformée est marquée par toutes ces influences « tout en restant inscrite dans son caractère spécifique conjuguant confiance et humilité devant Dieu« .
Guilhen Antier : Quels enfants pour notre avenir ? Il s’agit de la conférence donnée par Guilhen Antier lors de notre pastorale nationale de Sète, il y a tout juste une année. Ceux qui connaissent notre site savent qu’ils peuvent y trouver le texte de la conférence de Guilhen Antier. C’est un texte qui nous avait profondément nourris et qui venait en réponse à la question que nous nous posions alors : Face aux défis anthropologiques de notre société, quelle espérance pour l’humain ? Dans son texte, Guilhen Antier proposait de façon stimulante d’inverser la question et se demandait où sont, où seraient les humains pour faire face aux défis anthropologiques de notre société ? « Pour moi, la question ne porte pas sur le scénario d’espérance qu’on peut imaginer pour l’humain, mais sur la capacité de l’humain à se tenir dans l’espérance« .
Céline Rohmer : Voici l’homme ! (Jn 19.5) Bible et vérité humaine. Lors de cette même pastorale de Sète, Céline Rohmer répondait à notre questionnement anthropologique par une très belle analyse du parcours matthéen de Pierre. Avec Matthieu, la figure de Pierre devient humaine. Elle est la figure de « celui à qui les premiers partisans de Jésus ont reconnu une certaine autorité ». En suivant le récit de Matthieu, cette figure » s’estompe lentement. Le Pierre matthéen est mené d’échec en déception, d’inquiétude en reniement…Il devient pierre vivante« . C’est dans cette vérité-là que « l’homme est apparu au disciple ». « Il fallait qu’il soit mené jusqu’à cette humanité, qu’il la reconnaisse, qu’il la traverse pour partir vers d’autres pierres humaines ». La figure de ce Pierre très humain est belle et salutaire. Elle nous rappelle que le chemin pour relever les défis anthropologiques de notre société n’est pas celui du héros, du surhomme, mais celui de l’humain qui reconnaît les impasses de son humanité : « En conséquence, mener son existence, ce n’est pas dépasser les limites, s’arracher de son corps et de sa biologie, mais vivre vivant à l’intérieur de ces limites – vivre d’une autre vie, qui ne procède pas de la condition humaine« .
Longue et belle vie à cette collection « À voix haute » conduite par Céline Rohmer ! Nous sommes quant à nous très heureux de voir que notre belle rencontre de Sète d’octobre 2019, connaisse avec ce premier numéro « Voici l’homme ! », un prolongement aussi fécond.
Alain Rey
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