Que les dignitaires de l’Église découvrent à la suite du rapport Sauvé l’énormité de ce qui se passait dans l’Église ne peut qu’étonner. Depuis des années, les révélations s’enchaînent. Au Mexique, au Royaume Uni, aux USA, en Allemagne, au Canada, les pires attitudes y ont été dénoncées. Nos prélats pouvaient-ils croire qu’ils s’agissaient seulement de quelques brebis galeuses ? Le décalage entre la société actuelle et la théologie de l’Église romaine sur la sexualité et l’autorité conduit inévitablement à de telles dérives. Je retiens cette remarque de la philosophe américaine Martha Nussbaum : « La violence sexuelle n’est pas le problème de quelques individus malades et isolés, mais une résultante des hiérarchies et des traditions qui les accompagnent. »
Ne jouons pas aux vierges effarouchées, ne pleurons pas sur le malheur de l’Église mais des victimes seulement. Enfant, ma mère ne me plaignait pas lorsque ma bêtise me faisait mal. Je devais me débrouiller moi-même. Tel était le prix de l’éducation ! Le plus préoccupant est la réponse de l’Église. Dans un premier temps, le refus de porter devant la justice les cas graves recueillis lors de la confession. Celle-ci ne peut pas se substituer aux psychologues et psychiatres reconnus et agrées par l’état. Le droit canon ne peut pas passer avant les lois de la république. Dans ce cas, pourquoi refuser la charia ? Dans un deuxième temps, l’affirmation péremptoire selon laquelle le mariage des prêtres ne changerait rien. Certes un prêtre trouve facilement une amante pour satisfaire sa passion d’homme. La pédophilie n’est-elle pas une manière de satisfaire, de façon illusoire et dangereuse, le désir de paternité : Tenir un enfant près de son corps.
Ce rapport interroge l’œcuménisme. Un incroyant demandait si les protestants étaient solidaires ou complices dans cette affaire. J’ai répondu qu’ils avaient, eux aussi, besoin de repenser le rôle de la sexualité dans notre société. Il avait posé la même question lorsque les évêques avaient obtenu l’exemption du pass sanitaire pour les offices religieux. Comment avons-nous, nous protestants, répondu ?
Serge Soulié
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