Vivre en diaspora : L’histoire de Joseph
Il n’est pas courant d’accueillir un professeur au Collège de France ! Ce fut pourtant notre privilège avec Thomas Römer venu nous parler de Joseph, celui du livre de la Genèse.
La Bible témoigne d’une relation compliquée entre Israël et l’Egypte ; elle est négative dans l’ l’Exode, mais comment recevoir en Esaïe 19, cet oracle prophétique de bénédiction ? Ou bien, en 2 Chroniques 35, un Pharaon porteur d’un message divin à l’intention du roi Josias ? On est dans une trame de traditions porteuses de réalités historiques particulières. Il y a dans la Bible des traces de domination égyptienne sur le Levant, source d’échanges et de commerce. Des contacts culturels s’y reflètent dans les textes : comme celui du serpent d’airain (Nombres 21) ou de la vocation d’Esaïe ; contacts littéraires avec Proverbes 22-23 ; Egypte, terre d’accueil pour des réfugiés, tel Jéroboam, adversaire de Salomon (1 Rois 11/40) Plus connus : les fugitifs entraînant Jérémie avec eux, après la ruine de Jérusalem… et la fuite en Egypte de la famille de Jésus !
L’histoire de Joseph est marquée par ce contexte ; bien ficelée, riche en rebondissements, elle n’était pas nécessaire pour faire le lien entre la saga des patriarches et l’Exode. Les relations avec le Pharaon sont totalement différentes de celles rapportées par l’Exode. Pharaon et Joseph n’ont aucun problème lorsqu’ils parlent de Dieu. Sans avancer de date de composition, T.R. postule une rédaction assez récente il trouve des analogies avec les livres de Daniel et d’Esther : la promotion inattendue du héros. De même, relève-t-il l’écho de la vie dans une nouvelle diaspora, sans proposer laquelle. Diaspora judéenne ? Diaspora samaritaine ? II y a des traces d’intégration : l’embaumement funéraire est une coutume égyptienne reprise par Joseph. La cohabitation n’est pas totale ; voir par exemple, le repas pris séparément en Genèse 43.
Accueillir, intégrer : des thèmes d’une permanente actualité ! Le matin, Thomas Rômer assurant la prédication du Culte, nous avait rappelé à propos de l’histoire d’Hagar en Genèse 16, que Dieu est le transgresseur des frontières et de nos systèmes identitaires.
Jean Besset
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