Communauté Récits

Deux ans à la paroisse protestante francophone de Berlin

Au cours de ces deux années comme pasteure de la paroisse francophone de Berlin, j’ai appris à aimer l’Allemagne et la richesse humaine de la population allemande. J’avoue que j’avais des aprioris. J’ai mieux compris ce qui s’est passé avant et au cours de la 2ème guerre mondiale, et j’ai découvert les terribles années de survie qui ont suivi.

La multitude de célébrations qui expriment les regrets et le désir de réparer le mal commis par le nazisme, m’ont étonnée, car la génération actuelle n’est pas responsable de son passé à mon avis. J’ai éprouvé du respect pour cette attitude, et j’aurais bien voulu que mon pays reconnaisse aussi ses connivences avec le nazisme à cette époque-là. Le héros suisse Paul Grüninger, qui a sauvé beaucoup de personnes juives en désobéissant aux lois suisses a été réhabilité en Suisse seulement en 1995, 23 ans après sa mort.

Les membres de la paroisse protestante francophone font partie « La Französchiche Friedrichstadtkirche auf dem Gendarmenmark » ou plus simplement dit : de la paroisse huguenote de Berlin. J’ai été très bien accueillie par les pasteurs Jürgen Kaiser et Meike Waechter. Et par les deux pasteurs de l’église luthérienne, Loerbroks et Frielinghaus, qui célébraient leurs cultes le dimanche matin juste avant les nôtres. Nous formions une bonne équipe ; ils se montrés, chacune et chacun, très chaleureux avec moi. Et patients, parce que malgré tous mes efforts et cours d’allemand « niveau A1 », je ne comprenais qu’un mot sur deux, j’étais meilleure à l’écrit. J’allais à toutes les rencontres dans l’espoir de faire des progrès.

Une fois par mois avait lieu un culte bilingue. La deuxième année, nous avons choisi dans la prédication de poser des questions et d’y répondre chacun, chacune dans notre langue respective. Contraignant, et passionnant.

Meike m’a permis de suivre avec elle un groupe de catéchumènes jusqu’à leur confirmation. Ce fût un grand plaisir et un honneur. J’ai participé aussi avec joie au Kirchentag de Dortmund.

Les relations avec l’église catholique étaient aussi fort agréables ; nous avons même pratiqué l’échange de chair avec le regretté père Alain-Florent Gandoulou, qui a connu une fin tragique. Et j’allais quelquefois prier avec les sœurs du monastère Maria Regina Martyrum, près du Plötzensee.

La paroisse protestante francophone a la chance de pouvoir pratiquer son culte dans la belle salle « Casalis », nom en souvenir du pasteur français Georges Casalis qui a travaillé à la réconciliation après la guerre. La communauté est composée principalement de personnes africaines, soit étudiantes ou ayant de bons postes de travail et bien intégrées : leur foi à toute épreuve, leur intelligence, leur fidélité et leur gentillesse ont été revigorantes. Et la musique du virtuose Vladimir Magalashvili agrémentait merveilleusement les cultes. Nous accueillions aussi les touristes de passages, et quelques personnes de langue française ayant choisi de vivre à Berlin.

A mon époque, le conseil de paroisse n’avait pas de présidence, ce qui a été pour moi une difficulté, même si je suis très reconnaissante de l’engagement sans faille et du soutien de chaque membre du conseil. La situation a changé fort heureusement.

Des hanches en très mauvais état (je me suis fait opérée quasiment en urgence 15 jours après mon retour en Suisse) m’ont empêché de profiter pleinement de la vie culturelle berlinoise. J’ai mis tout ce qui me restait comme énergies dans mon travail. Si j’avais de la peine à marcher, j’ai fait beaucoup de vélo et suis allée souvent à la piscine, tout près de Wollankstrasse tôt le matin, ou au Schlachtensee. Sans que cela remplace mes montagnes, j’y étais heureuse.

Je me suis fait des ami-e-s avec lesquelles je suis toujours en relation. Et quelques personnes  du quartier me reconnaissent encore quand je passe par-là !

Martine Matthey, pasteure retraitée

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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