Au nord du pays, deuxième ville de Syrie, Alep, bombardée durant quatre ans de suite, a payé le plus lourd tribut au conflit civil. L’ONU parlera de crimes de guerre. Le pasteur Bchara n’a jamais baissé les bras. Dans le quartier populaire arménien, il dirige l’Église du Christ avec son centre médico-social. Il a mis un point d’honneur à ne jamais interrompre ses activités sous les bombes : soins médicaux, entraide sociale, soutien spirituel… Aujourd’hui, philosophe, il revient sur les événements : « Après huit ans de guerre, je n’ai jamais ressenti aussi fort, au fond de moi, mon identité à la fois d’arabe, de Syrien et de chrétien. La place centrale de l’Évangile dans ma vie n’a pas changé. Au travers des événements, plus que jamais, ma foi m’a fait prendre conscience de ma place dans la société. Désormais j’y vois plus clair. J’ai, aujourd’hui, le désir et la volonté de mettre chaque chose à la place qui lui revient. »
Le pasteur Bchara, confiant, estime que les Syriens de toutes confessions ont retrouvé le sens de leur vie religieuse, leurs repères aux textes sacrés.« Ensemble nous nous apprêtons à bâtir la nouvelle Syrie… Hélas, jusqu’ici, le gouvernement ne donne aucun signe de changement face au peuple qui veut simplement être reconnu dans sa dignité. Car il y a un problème de dignité humaine dans ce pays. C’est dans ce domaine que nous attendons notre président Assad. » Et demain ? « Puissent les sunnites, les chiites, les alaouites, les chrétiens, les druzes, les Arméniens, les Kurdes… de mon pays vivre côte à côte et perpétuer une histoire millénaire. À l’image de nos danseurs traditionnels qui tourbillonnent de tout leur cœur, chacun son propre refrain en tête, bien à sa place dans le minuscule espace qui est le sien, sans jamais piétiner le voisin… »
Albert Huber
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