Lors de sa visite de courtoisie au Sénat le 30 septembre, Robert Xowie portait chemise fleurie à l’image de sa victoire une semaine plus tôt : il est le premier sénateur de la République à défendre officiellement l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Âgé de 61 ans, le maire de Lifou, la plus grande des îles Loyauté, a battu au second tour la secrétaire d’État à la citoyenneté Sonia Backès, contrainte à la démission à la suite de sa défaite. Membre du Front de Libération Nationale Kanak et socialiste (FLNKS), le président de l’Association des maires de Nouvelle-Calédonie à choisi au Sénat le groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste, qui a ajouté « kanaky » à son nom pour l’occasion. Que Robert Xowie soit un fidèle de l’Église Protestante de Kanaky – Nouvelle-Calédonie (EPKNC) n’étonnera pas ceux qui connaissent l’histoire néo-calédonienne. Très majoritairement Kanak, cette Église avait dès 1979, pris officiellement position en faveur de l’indépendance de l’archipel. Acteur de premier plan de la vie sociale, l’EPKNC à de surcroît toujours été un interlocuteur dont la parole compte pour les pouvoirs publics, du fait de sa forte implantation au sein de la communauté autochtone.
Christianisme social
La pasteure Marie-Claire Kaemo qui côtoie Robert Xowie au sein de l’Église, nous en apprend davantage sur le parcours du nouveau sénateur. « Son père Robert Madrine Xowie était directeur du collège de Hnaizianu, à Lifou, administré par l’Alliance scolaire de l’Église évangélique, structure qui dépend de l’EPKNC. Son grand-père était un pasteur et le premier président de notre Église alors appelée Église évangélique en Nouvelle-Calédonie et aux îles Loyauté, après l’autonomie accordée par la Société des Missions de Paris en 1960″. Robert Xowie est maire de Lifou, la plus grande des îles Loyauté. De 1999 à 2004, il est par ailleurs élu président de l’Assemblée de la province des îles Loyauté. Après un échec aux élections législatives de 2012, il est réélu maire de Lifou en 2014, puis de nouveau en 2020. « Dans la lignée de son grand-père et de son père, c’est un protestant très engagé au sein de sa paroisse de Siloam, au nord de Lifou, et jusque dans ses fonctions politiques, témoigne Marie-Claire Kaemo. « Notre pays Kanak est notamment l’île de Lifou qui compte environ 90 % de protestants, valorise les témoignages de foi des fidèles dans leur vie publique et professionnelle. C’est ce qui porte Robert Xowie sur le plan politique, notamment dans ses efforts pour améliorer les conditions de vie de la population. Comme d’autres hommes et femmes de foi avant lui il a été fortement influencé par les thèses du christianisme social développé par les missions d’évangélisation anglaise puis française de la Nouvelle-Calédonie« .
Le 5 octobre, Robert Xowie a été reçu à la Maison de la Nouvelle-Calédonie à Paris, en compagnie de l’autre sénateur de l’archipel, le loyaliste Georges Naturel. Les deux élus sont venus saluer le personnel de l’institution et les étudiants néo-calédoniens vivant en métropole lors d’une cérémonie traditionnelle, le geste coutumier. Ils ont affiché une volonté commune d’œuvrer pour leur territoire. Selon Marie-Claire Kaemo, les deux hommes ont l’intention de collaborer en cette période cruciale qui fait suite à la victoire du « non » aux référendums d’indépendance. Dans son communiqué, le FLNKS salue la victoire politique d’un homme « proche de ses administrés » « à l’écoute des besoins de tous les Calédoniens indépendantistes ou non« .
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