Delphine Horvilleur : Vivre avec nos morts

Delphine Horvilleur, Vivre avec nos morts, Éditions Grasset, Paris, 2021, 223 p. 19,50 €

Delphine Horvilleur, femme rabbin appartenant à l’organisation juive libérale, nous livre un récit passionnant sur les situations complexes qu’elle a elle-même vécues dans l’accompagnement de familles endeuillées. On rencontre dans ce récit des familles connues et d’autres qui sont anonymes. Ce qui est passionnant dans le récit de Delphine Horvilleur, c’est la façon dont elle nous raconte son travail, sa réflexion, autour de chacune des situations très particulières ; c’est la façon dont elle rassemble les éléments hétéroclites d’une situation pour en faire un bouquet de mots qui font sens ; c’est son enracinement dans une tradition du récit talmudique et biblique ; c’est la façon dont elle est reconnue comme « rabbin laïque » par des hommes et des femmes non religieux qui ont une véritable attente à son égard et à l’égard de sa parole ; c’est sa passion de vouloir et de savoir tisser les récits d’une vie, d’une histoire particulière, avec la trame beaucoup plus longue des grands récits de la tradition. « Nous avons besoin de mots, nous avons besoin de récits », dit-elle. Elle se définit comme étant à la porte des mots et des récits, comme une conteuse. Elle ouvre une porte vers des récits qui rencontrent des histoires de vie pour les éclairer d’un sens, d’une cohérence cachée, d’une espérance.

Beaucoup de pasteurs peuvent se retrouver dans ce texte de Delphine Horvilleur. Nous avons tous connu, me semble-t-il, ces situations complexes où il fallait se battre avec les mots pour essayer de trouver un sens, un brin de lumière, la trace d’une espérance.

Alain Rey