Pauline Bebe, Rabbin, répond aux questions de l’Amicale des pasteurs à la retraite

Quelle est votre réaction face aux événements antisémites récents ?

Ceux qui ont vécu la guerre ou qui sont proches de ceux qui ont vécu la guerre, réagissent avec peur et tremblement. Mais il y a aussi une forme de résilience. Tous les enfants juifs ont entendu à un moment donné une parole antisémite. Ce n’est pas qu’on l’accepte comme une fatalité, mais cela nous renvoie à quelque chose qui est connu. Les gens n’ont pas peur physiquement. Certains n’hésitent pas à porter la kipa. Le fait que le gouvernement prenne les choses en main, est un élément rassurant. Et puis, il y a tous les témoignages d’amitié et de soutien. Ça réchauffe le cœur !

Quelle est cette responsabilité à laquelle vous appelez les juifs ?

Je pense en effet que c’est important pour les juifs de savoir expliquer ce qu’est le judaïsme. C’est souvent l’ignorance qui donne lieu à des incompréhensions et des exclusions. Je pense que les juifs ont une part de responsabilité quand eux-mêmes ne s’ouvrent pas suffisamment pour expliquer qui ils sont.

L’antisionisme est-il l’un des visages de l’antisémitisme ?

Le mot sionisme est mal compris. Il faudrait en utiliser un autre, mais il n’y en a pas beaucoup d’autres. Il dit cependant quelque chose du lien profond entre le peuple juif et la terre d’Israël. Cela n’a rien de politique. C’est une question identitaire. Et puis, il faut parler de tout ce qui se vit en Israël. Il y a, il faut bien le dire, une véritable guerre de l’information. Les choses qui sont rapportées sont souvent fausses, partiales. Les initiatives de paix et les collaborations entre israéliens et palestiniens sont en effet extrêmement nombreuses, dans les universités, les hôpitaux, etc. Il faut parler de tout cela. On critique beaucoup plus Israël que les pays environnants qui ne sont pas des démocraties. Comme pour tout le reste, Il faut sans cesse informer. Quand on va sur place on se rend compte de tout ce qui se vit. Tout est écrit en arabe et en hébreu.

Quelle est votre réaction à la déclaration de la Fédération protestante ?

Je ne l’ai pas relu récemment. Mais nous sommes très reconnaissants de cette déclaration et du dialogue riche et vivant avec le protestantisme. C’est un texte qui fait du bien et qui répare.

Interview réalisé par Alain Rey