L’église vaudoise italienne a toujours vécu sa propre vocation d’église réformée consciente des liens profonds qui la lient au protestantisme européen, et cela déjà lors des persécutions et des limitations des libertés civiles et religieuses. C’est pour cette raison que je rêve de la construction d’une Europe ouverte à la foi chrétienne, dans laquelle le protestantisme pourra avoir la fonction précieuse de conjuguer prédication et conscience historique, de distinguer la foi de la vie sociale et politique, de mener une réflexion éthique enracinée dans la foi sans jamais être intégriste.
Aujourd’hui l’Europe risque de se limiter à devenir uniquement un espace commercial, submergé par les passions glacées de la peur, de l’égoïsme, de l’avarice et de l’envie, typiques d’un changement d’époque. Les églises sont appelées à oser une réflexion théologique pour faire sauter les verrous de ces peurs parce que la théologie, tout comme l’économie, sait saisir la vie et ses aspects essentiels: le rapport aux autres, le courage et la peur de mourir, l’amour, la douleur.
L’Europe cesse d’exister si elle ne devient qu’administratrice, incapable de prendre position face au mal, quelle que soit la forme manifestée: injustice, souffrance, oppression. Le mal, en effet, n’est pas seulement celui perpétré volontairement mais c’est aussi porter un regard anonyme indifférent sur celui-ci. Il faut une théologie qui sache prendre exemple du scandale de la croix pour empêcher que le mal imprègne nos vies et ne devienne quelque chose de quotidien, banal, une nouvelle qu’on écoute superficiellement, destinée à des âmes mortes.
Sabina Baral
Église vaudoise d’Italie
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