Pierre Prigent : Les miracles des évangiles – L’Évangile des miracles

Compte-rendu de Gilbert Charbonnier pour LibreSens  –  http://libresens.blogspot.com

Le sous-titre de l’ouvrage traduit bien l’enjeu poursuivi. Au-delà de leur caractère inconcevable ou prodigieux, il s’agit de montrer combien les récits de miracles accomplis par Jésus sont  porteurs du message évangélique tout autant que ses paroles (logia, en grec) ou enseignements et ses paraboles. Les auteurs de nos évangiles les ont empruntés à des traditions orales ou écrites antérieures. La rédaction finale de ces derniers a été influencée par leurs personnalités et leurs cultures respectives, comme par la piété (ou vie liturgique) des communautés ecclésiales où ils vivaient.

Il importe d’en discerner la signification symbolique, et de montrer ce qu’ils disent aux croyants de la personne de Jésus, et de celui au nom de qui il a vécu et agi. Jésus n’a pas été simplement un thaumaturge à l’instar d’autres personnages de la littérature classique de l’époque. Les récits de miracles sont des messages ou enseignements adressés à la foi vécue du lecteur.

Pour cela, il convient de tenir compte des circonstances où ils se sont produits, de la personnalité de ceux qui les ont vécus, de leur entourage, de leur milieu de vie, comme des liens existant entre le récit évangélique et le Premier Testament  [certains miracles montrent en Jésus un nouveau Moïse ; d’autres sont manifestement la réalisation de telle ou telle prophétie]. Il faut aussi noter que généralement les guérisons rapportées se réfèrent au salut de Dieu, et y donnent accès. Ainsi, le fait de se relever, pour les personnes décédées ou infirmes, évoque le mystère de la résurrection (le même mot grec est utilisé dans les deux sens). Plusieurs récits attestent le caractère universel et inclusif du salut, et le dépassement d’une compréhension exclusive qui le réserverait à un seul peuple élu particulier.

Un premier chapitre aborde les quatre miracles qui précèdent la passion de Jésus dans l’Évangile de saint Jean. Ils y sont dénommés « signes » : ils « signifient », ils révèlent la gloire de Dieu, avant le signe suprême de « l’élévation du Christ sur la croix » et de sa résurrection. Ils ont pour but de susciter la foi chez ceux qui en bénéficient ou qui en sont témoins, comme  les disciples.

Le deuxième chapitre, le plus conséquent, dresse un panorama complet des « Miracles rapportés par un ou plusieurs des évangiles synoptiques, et parfois par Jean » (sic). Certains de ces récits dont la parenté est évidente sont regroupés. Il est instructif de les rapprocher. Une exégèse simple et rigoureuse est proposée pour chacun.

Le troisième chapitre étudie les miracles rapportés par le seul évangile selon saint Luc. Ils ont tous pour thèmes communs le salut et la résurrection.

Enfin, un dernier chapitre est consacré à l’expression « le Fils de l’Homme » que Jésus emploie toujours, dans l’évangile de Marc, pour parler de lui-même, et par laquelle tous les évangiles désignent Jésus apportant le salut de Dieu ; celui qui accomplit les prophéties, celui qui partage, délivre et guérit la vie des hommes, et vers qui s’oriente l’espérance des croyants.

Il est précieux de noter que le texte français de ces récits de miracle figure en tête de chacune des études, dans une remarquable traduction particulière de l’auteur.

De lecture très abordable, l’ouvrage réussit avec concision une présentation globale des récits de miracles dans les quatre évangiles, tout en respectant la spécificité de chacun. Il constitue un outil précieux tant pour entreprendre une étude personnelle ou communautaire que pour préparer quelque prédication. On peut le lire en son entier, comme un manuel d’étude, ou bien y recourir comme ouvrage de référence à propos de tel ou tel récit.

Compte rendu de Gilbert Charbonnier, pour LibreSens

Pierre Prigent, LES MIRACLES DES ÉVANGILES – L’Évangile des miracles, Olivétan (Au fil des Écritures), 2019, 120 p., 14 €