Oliver Abel signe la préface de l’ouvrage. Il écrit :
Jean-Paul Morley nous offre une traversée méditative de nos dogmes fondateurs (le Credo, les Tables de la Loi, le Notre Père), quant à ce qui forme les gonds d’un christianisme vivant.
En figurant les dogmes comme des gonds, je pense au philosophe Wittgenstein qui écrivait : « Les questions que nous posons et nos doutes reposent sur ceci : certaines propositions sont soustraites au doute, comme des gonds sur lesquels tournent ces questions et ces doutes. Mais ce n’set pas que nous ne puissions pas nous livrer à une investigation sur tout, bien forcés ainsi de nous contenter de présuppositions. Non. Si je veux que la porte tourne il faut que les gonds soient fixes ». Le propre des dogmes c’est de n’être aperçus qu’au travers des variations de leurs interprétations. C’est bien l’illusion terrible et malheureuse des fanatismes, intégrisme et fondamentalismes, que de croire accéder au dogme lui-même, immédiatement, littéralement, sans variation interprétative. Le dogme, c’est ce qui nous donne à interpréter. Une interprétation vive, c’est une interprétation qui nous fait voir, sentir, penser, vibrer nos dogmes. C’est bien à cela que l’auteur s’est ici attaché, à faire jouer ces variations pour sentir autour de quoi elles tournent.
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Pour ma part, je me suis particulièrement attardé à deux moments forts du parcours de ce livre. D’une part, le magnifique commentaire du Notre Père, qui est presque un livre dans le livre, et qui est entrelacé avec la superbe méditation du Notre Père de Simone Weil, la philosophe. L’importance d’y dire « nous ». L’importance d’un « règne » qui vient sans contraindre. L’importance d’une « volonté » de Dieu à laquelle nous ne fassions pas obstacle. L’importance d’être « délivré du mal, etc.
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Merci à Jean-Paul Morley de proposer un ouvrage qui sera comme un bon témoin de notre époque, formulant pied à pied ce que Ricœur reprenant Michel de Certeau appelait naguère le « croyable disponible » pour notre temps. En effet, l’auteur ne cesse de montrer les cheminements plausibles qui relient la foi et la raison, entendue l’une et l’autre comme des capacités humaines limitées. Merci à Jean-Paul Morley d’aimer Dieu, non seulement de tout son cœur, mais de toute sa pensée.
Olivier Abel
Professeur d’éthique et de philosophie à l’Institut Protestant de Théologie
Jean-Paul Morley : Penser Dieu aujourd’hui. Un regard protestant. Olivetan, Lyon, 2020, 229 p., 20€
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