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Le grand défi d’aujourd’hui, par Frank Adubra

L’Homme, sa marche vers la Déshumanisation ? Et si demain, l’homme n’était plus humain ?

Jusqu’ici, l’on pouvait croire que ce qui distinguait l’Homme de l’Animal était un ensemble de valeurs, de principes et de vertus qui portaient ses comportements, ses expressions et ses actes. Cette réalité permettait d’observer chez l’Homme des attitudes telle que la pudeur, la discrétion, la retenue ; et chez beaucoup, ces attitudes avaient pour fondement des qualités comme : le respect d’autrui, la tolérance, le sens de la nuance, la disponibilité au consensus et le compromis dans les relations et rapports sociaux.

Depuis quelques temps, l’on peut noter une évolution préoccupante de cette réalité.

Cette évolution se caractérise chez bon nombre de personnes par un certain renoncement aux valeurs et aux principes dont nous parlions plus haut. Ceci se caractérise par une tendance à l’autojustification (ce que je pense, ce que je crois, ce que je fais est légitime tout simplement parce que cela vient de moi). La pensée, la croyance ou convictions des autres n’ont point d’importance.

Une telle attitude aboutit à des comportements nouveaux que l’on remarque de plus en plus tant sur le plan individuel que sur le plan collectif :

  • L’on n’a plus de gêne ou de pudeur à exprimer ou affirmer sans états d’âme, des idées extrémistes et ségrégationnistes. On proclame des convictions fascistes agressives, racistes, méprisantes.
  • L’on dirait que l’homme s’est décomplexé vis-à-vis de l’abject et du condamnable.
  • L’Homme sans morale est en train de naître avec des peuples sans morale par la force des choses.
  • Ne serait-ce pas ce qu’expriment les tendances populistes, fascistes, racistes avec l’émergence de dirigeants de ce genre et de partis et courants politiques identiques ?

Ce phénomène aujourd’hui est loin d’être accidentel ou banal. Il devient mode, et tend à devenir normatif. Il est revendiqué. Il occupe l’espace public. Il fait campagne et a de plus en plus d’adeptes. Cela n’a pas l’air non plus de quelque chose de passager vu l’ampleur de l’adhésion qu’il suscite à travers le monde. Il faudrait ici s’interroger sur toutes ces populations qui adhèrent à ces idées et qui font gagner les élections à leurs leaders extrémistes et racistes en Europe, aux Amériques en Asie et en Afrique.

Un nouveau genre humain est-il en train de voir le jour ? L’Humanité telle que connue jusqu’ici est-elle à son agonie ? Que de questionnements qui devraient nous assaillir et nous assaillent déjà.

Comment appellera-t-on ce nouveau genre qui arrive ?

Pourra-t-on encore parler d’humanité ou bien faut-il plutôt dire « l’espèce Connectée » ? Car quand le développement qui est en train de s’écrire ne repose que sur la notion du « connecté » il est à craindre que l’humanité soit en train de faire ses adieux au monde de la conscience, conscience entre Bien et Mal. Le règne de l’informatique exacerbée, du connecté, du sans limites ne pourra être celui de l’Homme tel que nous l’avons toujours pensé et connu. L’Homme connecté avec des implants dan le cerveau sera loin de celui « créé par Dieu et engendré par l’homme et la femme ».

Alors deviennent caducs les sentiments, les principes, les valeurs éthiques et morales, les convictions philosophiques et religieuses dont  le principe de la laïcité. Ne subsisterait alors que l’Être de l’inattendu, le « sans foi ni loi » ; l’Être programmé, conditionné, cette race dont a rêvé Hitler. C’est ce constat que nous qualifions de : « La déshumanisation de l’Homme ».

A quelle réflexion cela nous invite-t-il ?

Malgré la sidération qu’une telle observation produit sur nous, et malgré l’irrémédiable chaos vers lequel elle nous propulse, elle offre l’opportunité d’une réflexion que nous ne pourrons mener et développer dans cet article. Nous voulons juste mentionner sa nécessité, et une pressante mobilisation pour la mener. En effet, cela ne serait qu’irresponsabilité voire lâcheté que de rester dans l’indifférence et l’inaction devant l’évolution qui se construit sous nos yeux et qui en fait bouscule tout ce qui jusqu’ici nous permettait d’imaginer le monde et l’humanité comme principe de vie, de devenir, d’accomplissement vers le bon et le meilleur.

Notre souhait et invitation est donc que soient nombreux ceux et celles qui vont s’approprier cette réflexion et qui oseront la mener courageusement pour la restauration de cette Humanité sans laquelle nous-mêmes et notre histoire humaine n’auront été qu’illusion. Une réflexion non en vase clos mais dans un espace ouvert aux multiples échiquiers variés autant que possible.

Frank Adubra – Pasteur EPUdF/Église évangélique du Togo – Ancien Secrétaire général de l’Église évangélique du Togo

 

About the author

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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