André Gagné
CES ÉVANGÉLIQUES DERRIÈRE TRUMP
Hégémonie, démonologie et fin du monde
Labor et Fides, 2020, 164 p., 17 €
Les évangéliques sont ces néo-protestants apparus à la fin du XIXe siècle et qui n’ont cessé de progresser depuis. Ils seraient aujourd’hui 645 millions, soit le quart des chrétiens. Il s’agit ici de ceux des États-Unis. Une partie d’entre eux sont comme embrigadés par le président Trump et militent pour sa réélection en novembre prochain.
Ces chrétiens-là se sentent comme une citadelle assiégée par des forces maléfiques, occupées à combattre l’avancée du royaume de Dieu sur cette terre, notamment l’hindouisme, l’islam et le matérialisme. Un homme est capable de mener ce combat, c’est Trump. On nous dit qu’il est voleur et menteur. Il n’en est pas moins l’homme choisi par Dieu pour mener le bon combat de la foi, comme jadis le roi Cyrus qui sauva les Israélites de l’emprise babylonienne, tout éloigné du christianisme qu’il fût.
D’autres sont à combattre, ceux qui propagent les valeurs de la démocratie. Ils sont au mieux des naïfs et sont, en tout cas, des incapables, laissant progresser les adversaires de Dieu. Pour mener le bon combat, il n’est pas d’autre moyen que la conquête du pouvoir « par le haut ». Aussi prônent-ils l’institution de nouveaux « apôtres et prophètes », à l’instar de ceux d’autrefois dont les exploits nous sont contés dans l’Ancien Testament, comme Josué ou David. Il ne faut donc pas craindre d’affirmer que Dieu veut le triomphe des chrétiens sur cette terre car c’est l’unique voie du salut. En tout cas, Gn 1,26-28 irait dans ce sens.
Pour cela, de nouvelles structures ecclésiastiques s’imposent. Elles devront promouvoir des transformations en sept domaines : la religion, la famille, l’éducation, le gouvernement, les médias, les arts et spectacles, les affaires. L’accent est mis sur la nécessité de combattre le libéralisme théologique et les mœurs pernicieuses comme l’éducation sexuelle à l’école et l’avortement. Une attention particulière est portée aux indications bibliques relatives à la fin des temps. Il en ressort qu’il convient de travailler à la restauration du peuple juif et à la reconstruction du temple de Jérusalem.
L’auteur voit dans les entreprises stupéfiantes de ce courant religieux contemporain un danger exactement opposé : un véritable antichristianisme.
Un compte rendu de Jean-Claude Widmann, pour LibreSens
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