En cette fin d’été, je réalise un vieux rêve : derrière mon objectif, fixer les protestants de l’emblématique Assemblée du Désert. Je traverse la France et me retrouve en immersion à l’ombre des châtaigniers du Mas Soubeyran. Dans une assemblée de quelques 10 000 huguenots – estimation d’un autochtone averti, le pasteur Michel Bertrand – je vis un intense temps cultuel puis culturel avec l’histoire de l’homme de l’année : Martin Luther. Cette journée en pays camisard me laisse une triple sensation. D’abord celle de la chaleur et de la convivialité de la rencontre : ici tout le monde se connaît ou presque. Je croise des proches tout au long de la journée. Je m’éprouve comme une force et une multitude, ce quelque chose qui fait défaut aux protestants minoritaires. Ensuite, rien qu’à la vue de l’authentique chaire clandestine du Désert remontée pour l’occasion, c’est l’émotion du retour aux sources, celles du mythique esprit de résistance passée que l’on sait. Et du coup, la protection des persécutés huguenots d’hier me renvoie à celle des persécutés d’aujourd’hui, les Syriens, les Irakiens et autres Erythréens… Enfin, la surprise, quand au final la foule entonne la Cévenole, la Marseillaise huguenote, un chant de résistance traditionnel. Sacrée liturgie ! A mes côtés, un homme s’emporte : « Ma femme est catholique, mais elle a toujours fait de la résistance au Pape…Alors, qui dira que la Cévenole n’est pas d’actualité ! ». Vivement la fin de l’été prochain…
Albert Huber
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