Quand j’étais à Angoulême, dans les années 74-84, j’ai été sollicité par la tête de liste pour figurer sur la liste des candidatures au conseil municipal, en opposition à la liste de droite sortante. Jean-Michel Boucheron me connaissait par ma participation au conseil des parents d’élèves du collège Jules Michelet et comme pasteur de l’Église réformée d’Angoulême. Nous nous étions également vus à la prison, puisqu’il y donnait des cours alors que je faisais des visites. Sa liste était une liste socialiste ouverte sur la société civile, d’où sa demande à mon égard. Cela m’aurait intéressé de participer à un conseil municipal, mais après réflexion et demande de conseil au président de région d’alors, j’ai répondu que je ne pouvais m’engager et risquer de mettre une division dans ma communauté, surtout que les conseillers issus de la société civile était minoritaire dans l’ensemble du conseil. J’ai proposé à Boucheron un militant catholique que je côtoyais également au conseil des parents d’élèves. La liste qui ne partait pas gagnante a été élue… Je n’ai pas regretté ma décision parce que les choses étaient tendues dans la paroisse (et bien d’autres) à l’époque « d’Église et Pouvoir » et parce que j’ai appris que les conseillers issus de la société civile avaient peu d’influence au sein du conseil municipal. Boucheron par sa brillante élection est devenu quelques années plus tard secrétaire d’État avec Mitterrand, mais ça s’est mal terminé à cause d’affaires financières pas très claires. Donc je me suis réjoui rétrospectivement de ma décision.
À la retraite, nous avions une maison de campagne sur la commune de Labatie d’Andaure (400 électeurs !). Nous y habitions au départ en permanence, quelques temps après 7-8 mois de l’année. Je connaissais assez bien le nouveau maire, cadre dans les PTT avec lequel j’avais travaillé bénévolement pour réaliser deux itinéraires de randonnée pédestre sur la commune. Mais il a brusquement tout arrêté de manière autoritaire parce que l’itinéraire devait passer sur une propriété privée où il n’a pas su obtenir un accord de passage… J’ai ensuite assisté à plusieurs conseils municipaux et constaté la méthode autoritaire du maire, et sa manière d’imposer des projets sur l’assainissement… qui n’ont du reste pas abouti tant les gens étaient contre la méthode et le coût que la mairie ne prenait à charge par aucune subvention. Mais après avoir acheté un presbytère catholique avec un emprunt, pour rien n’en faire… J’ai donc été un des meneurs pour qu’une liste soit présentée « en face » de celle du maire sortant, connaissant pas mal de gens sur Labatie et malgré mon handicap de n’être pas du pays. Je n’étais pas parti pour être tête de liste, c’était clair… Nous nous sommes décidés trop tard en janvier alors que j’avais poussé pour que nous nous lancions en début décembre. Sur la liste figuraient des « rurbains » comme moi, implantés plus ou moins récemment à Labatie, avec des capacités de gestion réelles. J’ai donc en souvenir une belle photo de notre liste incomplète, il manquait 3 personnes que nous aurions trouvées si nous étions partis plus tôt. Donc pour la première fois de son histoire Labatie avait deux listes, et a dû avoir un second tour, 3 personnes (toutes du pays) de « notre » liste ont été élues, mais pas moi, ce qui m’arrangeait bien, car je n’avais pas envie de faire tapisserie dans un conseil municipal. J’étais lancé dans l’écriture de la biographie (chez Ampelos) de Jean Norton Cru, natif de Labatie, fils de pasteur et pourfendeur plus tard d’écrivains primés pour la manière dont ils dénaturaient la vraie guerre de 14-18 telle que les poilus l’avaient vécue ! Le fait d’être pasteur (même retraité et je me suis présenté comme tel) a joué contre moi dans cette élection ! Vieux réflexe auquel se sont alliés l’anticléricalisme des uns et l’anti-protestantisme des autres.
J’ai donc eu l’occasion de parler de Jean Norton Cru à Lamastre, à St Agrève, mais pas à Labatie, son pays natal… Je ne regrette pas d’avoir collaboré à cette liste « dissidente » qui à mon sens n’a pas été un échec mais a essayé de donner une leçon de démocratie dans des lieux ou les maires sont souvent de petits roitelets, méprisant leurs électeurs. Et il n’y a pas qu’à Labatie…
Voilà ma petite histoire en relation avec les élections municipales… Ici à Vernosc où nous vivons depuis 10 ans, il n’y aura qu’une liste mais je ne suis plus partant pour essayer d’en monter une… Je suis trop vieux maintenant et j’ai trop de choses à écrire, malgré les difficultés, pour me lancer dans autre chose. Gérard Delteil à la dernière pastorale des retraités de Sète m’a encouragé à écrire, ce que je ferai mais pas dans la continuité de mon livre « Prêcher » vu le mauvais accueil fait par les collègues en activités, les journaux protestant régionaux qui n’ont pas passé de compte-rendu etc. mais 200 « laïcs » m’ont acheté le livre. Une manière de voter aussi…
J’espère ne pas t’ennuyer avec mes histoires que je ne pensais pas raconter, mais tu nous l’as proposé…
Bien cordialement,
Jacques Vernier
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