Pour répondre correctement à cette question, il faut d’abord distinguer la Grande Terre et l’Île des Pins, de l’archipel des Îles loyauté (Maré, Lifou, Ouvéa), car ces deux ensembles n’ont pas connu le même destin politique et religieux avant de devenir un unique Territoire de l’Outre-Mer français. La France prend possession de la Grande Terre en 1844 en débarquant un évêque à Ballade au nord de l’île. Le catholicisme commence là son implantation avant d’envoyer en 1859 un missionnaire à Ouvéa. En 1864 la France prend possession des îles Loyauté, mais se heurte à la présence à Lifou d’un missionnaire protestant de la Mission de Londres, Mac Farlane présent dans l’île depuis 1859, dont il exige la fermeture de l’école. Devant la résistance de la population, le village de Chepenehe, dont le temple, est brûlé. Dans la suite de la prise de possession des Loyauté le gouvernement français « découvre » que l’archipel est évangélisé depuis le début des années 1840 par des évangélistes polynésiens protestants et que de fortes communautés canaques sont déjà implantées surtout à Maré et Lifou. Devant la menace coloniale française, appuyant la mission catholique, la Mission de Londres avait envoyé quelques missionnaires (dont Mac Farlane) pour épauler les communautés locales. Mais la première évangélisation des Îles Loyauté est bien le fait d’évangélistes océaniens dont les noms sont connus et célébrés : Tanielo, Tataio, Fao. La France installe son administration coloniale en Nouvelle-Calédonie et aux Îles Loyauté en 1883. Le protestantisme français est alors sollicité d’intervenir aux côtés de la Mission de Londres. La Mission de Paris envoie Philadelphe Delord à Maré en 1898. Il va continuer la formation des pasteurs canaques, les natas, entreprise par la Mission de Londres et n’aura de cesse, jusqu’à son départ en 1901, de demander un autre missionnaire pour faciliter l’introduction des natas en Grande Terre. C’est à Maurice Leenhardt, arrivé en 1902, que reviendra cette lourde tâche. Une nouvelle histoire commence alors.
Jean-François Zorn
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