Michel Freychet apporte ici un témoignage sur tout ce qu’il a reçu de son père résistant
Lors des années noires de la Deuxième Guerre mondiale, l’engagement de mon père dans la Résistance, comme chef départemental de l’Armée secrète (l’AS) de l’Aveyron plus, ultérieurement, la Lozère, a bien sûr laissé des traces profondes dans ma mémoire. Les plus vivaces de cette période me hantent souvent encore. Elles ont trait à l’arrestation de mon père par la Gestapo, aux interrogatoires musclés qu’il a subis sous la torture, puis à sa déportation à Buchenwald, cet univers concentrationnaire inhumain souvent décrit par ailleurs. Ce qui m’a peut-être le plus frappé, ce sont ses propos lorsque, par bonheur, il revint de cet enfer. Il nous dit y avoir vu, parmi ses codétenus, le meilleur et le pire : l’abnégation, le courage, la grandeur d’âme des uns ; la bassesse, la veulerie, la bestialité des autres. L’épreuve avait mis à nu, en positif ou en négatif selon les individus, les profondeurs de l’être humain. Sur ce registre, il répètera que sa captivité lui a beaucoup appris sur le comportement des hommes et qu’à ce titre, il ne regrettait pas d’avoir vécu cette expérience, si cauchemardesque fût-elle ! Sans aucun doute, son témoignage ne pouvait que m’inciter, lorsque sonna pour moi l’heure de la retraite, à m’engager à fond dans les combats de l’ACAT.
Michel Freychet
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