Méditation Théologie

Une réconciliation espérée…

En 1988, le gouvernement de Michel ROCARD envoyait en Nouvelle Calédonie ce qui a pu être considérée comme une mission de réconciliation. 30 ans après, on peut se demander si cela a réussi ?

Oui, sans doute. Car, si on se rappelle à l’époque le climat de méfiance mutuelle entre les kanaks ou les «caldoches», on ne peut que se réjouir de la prise de conscience commune de J.LAFLEUR et J.M TCHIBAOU d’une possible guerre civile, prise de conscience qui a amené aux accords de Matignon. Je pense que l’un comme l’autre ont du lutter contre les vieux « démons » de la haine ou du mépris.

Mais en observant la suite, on peut se rendre compte que cette réconciliation est toujours à reconstruire. Rien n’est gagné d’avance. Le dialogue doit être constant, doit être poursuivi sans cesse.

Ne trouve-t-on pas des situations semblables dans la Bible ?

Pensons à la réconciliation entre Jacob et son frère Esaü. (Genèse ch. 33). Au départ, cela risquait de capoter. On peut se demander si Jacob (« le trompeur » : voir la racine hébraïque «yakab »), n’a pas tenté d’influencer, de marchander, en envoyant en reconnaissance tout d’abord ce qui a moins de prix à ses yeux, les serviteurs, puis les servantes et leurs fils, enfin Rachel et son fils Joseph.
La réconciliation fut possible, à mon avis, car, avant la rencontre, Jacob avait lutté avec un être mystérieux. A la suite de cette lutte, il change de Nom : Il se nomme « Israël» (Dieu lutte, se montre fort). Etre fort, c’est savoir accepter la rencontre, le dialogue. C’est le changement de nom qui lui a fait sans doute prendre conscience de cela. Les deux frères, après s’être embrassés, continuent à dialoguer, à se proposer des services mutuels, avant de se séparer en paix. ( 1)

Prions pour que la préparation du référendum en novembre se passe dans le respect mutuel. Que chacun, et que chaque culture, puisse se sentir reconnu dans sa dignité, aimé et réconcilié par et avec Dieu.

( 1 ) Pour revenir à l’actualité, il ne faut pas oublier l’influence de la Coutume, de la culture kanak. Il faut se souvenir que si le kanak n’est pas en général un homme de l’Ecrit, il est un homme de la parole, de l‘Oralité. Et cette parole – toute humaine – ne peut-elle pas être rapprochée de la Parole (avec un grand P), de la Parole de Dieu ? Certes il ne faut pas idéalisé, ou même idolâtré, cette parole, ou la Coutume. Mais il y a dans la Coutume des valeurs qui sont proches de celles de l’Evangile.

C’est la coutume qui a permis il y a quelques années la réconciliation entre les familles de J.M Tchibaou et de Yéwéné Yéwéné d’une part et celle de Djoubéli Wéa, leur assassin, sans oublier la famille du policier, chargé de protéger ces personnalités politiques et qui a permis, par son tir sur Djoubéli, qu’il n’y ait pas plus de victimes.
C’est la Coutume, profitant de la reconstitution des faits, qui a permis à un jeune de Lifou, emprisonné après le meurtre d’un facteur, et regrettant son geste, de se sentir libéré et réconcilié non seulement avec lui-même, mais aussi avec les victimes ; A sa sortie de prison, Il pourra revenir sereinement vivre dans son ile.

Dans ce cas là, n’a-t-on pas remplacé la justice rétributrice par une justice restauratrice avant l’heure ?

Si les hommes ont besoin de Dieu pour vivre la Réconciliation, Dieu a besoin des hommes comme acteurs et témoins de cette Réconciliation, toujours possible, jamais acquise.

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Georges dit Jojo Condamin

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