Il y a 170 ans, vivait Guillaume de Felice, pasteur artisan de l’abolition de l’esclavage, il était fils de pasteur et petit fils de prêtre, ce qui est plus original ! Bernard de Felice, son père fut pasteur en Allemagne, puis à Lille. Barthélémy de Felice, son grandpère, prêtre cordelier italien, s’est enfui d’Italie à la suite d’aventures rocambolesques, et s’est converti au protestantisme à Berne avant de devenir un encyclopédiste célèbre. On trouve par ailleurs de nombreux pasteurs dans sa descendance. Guillaume fut pasteur de Bolbec, puis professeur de morale et d’éloquence sacrée à la Faculté de Montauban. Il était un brillant prédicateur et s’est fait connaître comme historien du protestantisme. La publication de son « Émancipation immédiate et complète des esclaves », au printemps 1846, lui vaut l’estime des abolitionnistes français et étrangers. Il devient le noyau d’un réseau produisant articles, brochures, pétitions pour le triomphe de la « sainte cause » qu’il engage sur le modèle britannique. En 1848, Victor Schoelcher aurait eu sûrement plus de difficultés à obtenir le vote de l’Assemblée Nationale sans le soutien actif de Guillaume, dont la correspondance régulière avec le Martiniquais Bissette apporte un précieux éclairage sur la progression de « LA » question. Schoelcher échange aussi avec Guillaume, rend hommage à son talent déterminant dans cette action abolitionniste déjà soulevée par les quakers. Quant à Barthélémy, lui, concurrent au XVIII°s des encyclopédistes de Paris, traite l’esclavage de crime dans la rubrique « Esclave ». On le voit, Guillaume, pasteur et professeur presqu’oublié, a mené, à son époque, un combat toujours actuel et bien enraciné dans le « monde réformé ». Dès 1828, la Société des Missions Evangéliques de Paris s’implique dans cette lutte. Beaucoup de documents existent au sujet de notre histoire réformée.
Sautemur
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