En tant que chrétien, je ne peux pas rester en dehors du combat. Lorsque dans le Notre Père, nous disons souhaiter la venue de règne de Dieu, il s’agit bien d’un règne qui est en contradiction avec celui qui existe sur la terre. Quand Jésus dit : que ton règne vienne, il parle d’un règne d’amour, de justice, de paix. Pour maintenant, parce que la vie est vraiment belle quand elle est vécue dans une relation d’amour. Moi j’ai un désir fort de vivre cette vie-là et de croire qu’un tel règne est possible. Le Notre Père est une prière d’impatience. À partir du moment où j’attends que ce règne arrive, je m’active, avec Dieu. C’est une responsabilité et un honneur pour les hommes d’être co-créateurs, avec Dieu de ce règne d’amour et de paix.
Alors, dans ce contexte, quelle est la nécessité d’une culture politique ?
Soit on est persuadé qu’on n’y peut rien, que c’est trop compliqué et dans ce cas, c’est sûr, rien ne changera. Il a rappelé que dans la parabole de l’homme paralytique, Jésus s’est étonné que personne jamais n’ait pensé à aider le paralytique à plonger dans la piscine puisque tout seul il ne pouvait pas y accéder. Il faut arrêter de croire que les malades ou les pauvres paient le prix d’une faute qu’ils auraient commise. C’est de notre devoir de les épauler, même si le maître mot de toutes les lois qui sont adoptées est la responsabilisation de l’individu comme si, de tous temps, l’État avait tout fait et que les individus en auraient profité.
La 2èmemanière de voir est de se rendre compte que l’histoire est en perpétuelle évolution. Bien sûr que les phénomènes de guerres et de famines se répètent inlassablement mais l’aventure biblique est linéaire. Nous ne sommes qu’au début de l’histoire humaine disait Théodore Monod quI, à 96 ans, intitulait son dernier livre « Et si l’aventure humaine devait échouer ? » alors que jusque-là il avait toujours été très optimiste. Il est grand temps de réagir. La prise de conscience de l’urgence va-t-elle susciter un élan re-créateur ? Il faut bien retrouver le sens de la vie.
45% de l’humanité ne mange pas à sa faim. Il y a en France sept millions de personnes en situation de chômage ou de précarité. Tous ces gens sont-ils des flemmards qui ne veulent pas se prendre en charge ? En démocratie, on se doit de protéger les faibles. Nous choisissons et nous mandatons nos élus pour le bien commun de tous. Nous mourrons tous un jour. C’est certain. Nous pourrions aussi avoir envie de léguer à nos descendants un monde pacifié, fraternel où la justice est à l’œuvre. L’eau que nous buvons, l’air que nous respirons sont nos biens communs. Est-il normal que des groupes privés se les approprient, en disposent à leur guise alors qu’ils appartiennent à l’humanité toute entière ? Les élus, nos élus, fonctionnent sur le court terme, parce que leur élection dépend de ce qu’ils réalisent sur le court terme. Le court terme nous éloigne du long terme de Dieu. S’il est vrai que la démocratie est le moins mauvais des systèmes, il n’en reste pas moins que les contre-pouvoirs sont utiles. Où sont les contre-pouvoirs aujourd’hui quand on sait que plus de 70% de la presse écrite et télévisuelle est aux mains de marchands d’armes, que le PDG d’une grande chaîne de télévision écrit publiquement que sa chaîne prépare les cerveaux pour recevoir la publicité ? Les Églises devraient être plus critiques envers les pouvoirs en place au lieu de leur marquer du respect.
Alors, Dieu est-il rouge, noir ou blanc ou d’une autre couleur ? Dieu est de la couleur de l’amour.
Bernard Rodenstein
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