Enfant, le monde autour de moi parlait l’occitan. J’ai appris le français à l’école. Le parler occitan y était interdit. Au collège je découvrais le plaisir d‘écrire. Le professeur de français lisait parfois mes textes à toute la classe. Un vrai bonheur. Je me sentais enfin intégré à la société française. J’étais comme les autres. Aujourd’hui, écrire c’est, pour moi, s’insérer dans les profondeurs de la culture au-delà de toute superficialité.
Dans ma vie professionnelle j’ai privilégié l’écriture à travers les prédications, la réécriture des textes liturgiques, les conférences, les articles de journaux, de revues. À la retraite j’ai eu besoin d’écrire en toute liberté. La raison en est précise. Je me suis parfois senti à l’étroit dans mes fonctions de pasteur. J’ai été mal à l’aise avec l’aspect religieux fait de rites, de prières, de sacrements. Comme psychologue, j’ai découvert la vacuité de la formule « Dieu t’aime » alors même qu’il est impossible aux humains d’aimer Dieu tel qu’il est conçu et présenté par le christianisme et les religions en général. La théologie me paraît enfermée dans ses références, ses traditions, ses croyances, loin du réel et des vérités évidentes. La bible éclaire la bible ai-je souvent entendu. N’y a-t-il pas d’autres lumières pour l’éclairer ? Écrire me permet aujourd’hui de dépasser les dogmes et les certitudes de la théologie sans donner le sentiment d’une démarche procédurière. Ce qui a été a été. Je voudrais participer à ce qui sera. L’écriture entretient mon désir de chercher, comprendre, imaginer. Elle me permet de déposer mes croyances sans critiquer et sans juger. Je pense, je cherche, j’expérimente, je confronte, je m’étonne. Aujourd’hui ainsi va la vie pour moi.
Serge Soulié
Les ouvrages de Serge Soulié sont publiés aux Éditions de la Barre Franche, 49490 Noyant-Villages
Leave a Comment