Dépossédées soudain de leur espace géographique familier, nos communautés ont exploré les possibilités d’un autre espace, l’espace numérique. Nous avons été au bénéfice d’initiatives diverses, pas toujours réussies, mais faisant preuve d’ingéniosité, parfois de créativité. Premier déplacement : la prédication retrouvait sa dimension d’universalité. Elle n’était plus la catéchèse d’une communauté, mais une adresse au tout-venant. Elargissement de son audience, puisqu’elle était captée de multiples lieux de France et de l’étranger, et différenciation des auditeurs : elle rencontrait l’inconnu, l’anonyme, qui pour des raisons diverses s’était branché sur le site.
Bien plus. Parfois, elle lui donnait la parole. Grâce au dispositif du chat, l’auditeur-trice participait à l’émission. C’était tâtonnant, jamais sans risque, l’intervenant s’exposant sans recul à des questions inattendues. Mais cette dimension d’interactivité donnait, je crois, un accent d’authenticité. Parole partagée. J’ai apprécié en ce sens la recherche que traduisait le culte du Saint-Esprit (je ne parle pas de l’Esprit saint, mais de la paroisse parisienne), qui en était venu à offrir un « message » en trois temps : un temps d’interrogation, un temps d’échange participatif, et un temps d’affirmation.
Le plus intéressant, ce fut peut-être cela : quelque chose se cherchait. Un autre langage. La parole se fait conversation. Elle se livre sans masques. Elle ne saurait être un discours pour initiés, il lui faut trouver plus de naturel, rencontrer l’auditeur-trice dans l’intime de son existence. Aller au cœur.
Devenir polyphonie : pas seulement la voix humaine, mais aussi le visuel (l’image), le musical, le sensible. Défi difficile que cet enjeu de la communication. Peut-être ces tentatives sur le Webnous renvoient-elles des questions vives pour l’Eglise aujourd’hui.
Comment dans le temps d’aprèsne pas perdre cet acquis du confinement ?
Leave a Comment