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Un appel des Églises protestantes arméniennes au Liban

A nos partenaires dans le Ministère partout dans le monde

Bénédictions en Christ au monde entier, en cette Nouvelle Année.

Dans notre précédente correspondance nous nous sommes efforcés de décrire le bilan humain de la situation, ici, au Liban. Dans les semaines qui ont suivi et malgré la nomination d’un nouveau cabinet, les effets de cette situation se sont encore aggravés, non seulement en raison de problèmes intérieurs mais aussi à cause de la montée des tensions régionales. Il convient de constater qu’avant les contestations qui ont commencé mi-octobre, le Liban était déjà confronté à plus de 35% de chômage : les manifestations n’ont fait que révéler la mauvaise gestion endémique et la corruption dans le pays depuis la fin de la guerre civile en 1990.

Pour la prochaine décennie, certains économistes prévoient que le Liban sera confronté à quelque chose qui ressemble à la Grande Dépression. L’instabilité dans le secteur bancaire et la baisse de la valeur de la monnaie locale rendent la situation encore plus volatile dans le pays. Les citoyens libanais des classes moyenne et inférieure sont ceux qui ont le plus de difficulté.  Ces derniers mois, un nombre croissant de travailleurs ont été licenciés tandis que ceux qui restent employés, ne perçoivent que la moitié de leur salaire. Des centaines de petites et moyennes entreprises ont fermé leurs portes et pas un jour ne se passe sans la nouvelle d’une entreprise bien établie qui ferme. Pendant ce temps, le prix des produits a grimpé en flèche avec une hausse de 30% à 50 % de l’épicerie ces quatre derniers mois. Tout ceci signifie que la classe ouvrière se concentre sur la nourriture et non sur le paiement de choses comme les frais de scolarité.

Malgré l’assurance de la viabilité du Liban a long terme par les élites financières et politiques, l’UAECNE prévoit une période difficile en ce qui concerne le proche et le moyen terme. A cette fin nous souhaitons présenter des informations détaillées quant aux défis auxquels nous auront à faire face dans les différents ministères de l’Union :

  1. Nos Églises au Liban: les six Églises de l’Union continuent leur ministère vital aux membres et à la communauté, se reposant largement sur des bénévoles. Par exemple, à côté des étudiants dont l’Union s’occupe dans ses écoles évangéliques arméniennes, au moins 350 enfants, jeunes et jeunes adultes sont totalement pris en charge par ces églises. Les femmes et d’autres ministères sont une partie cruciale de ce que fait l’Église locale. Actuellement toutes les églises ont annulé leurs activités de collecte de fonds (comme des dîners et autres évènements) à cause de la crise politique et économique actuelle. Les promesses d’adhésion et les offrandes du dimanche à ce stade semblent être de 6 % des dons de 2019.
  2. Nos écoles au Liban: l’impact de la situation au Liban sur le rayonnement éducatif (avec l’université Haigazian qui fait face aux mêmes défis que les écoles de l’Union) se manifeste par le non-paiement des frais de scolarité (déjà à un niveau faible avant les manifestations), par un nombre croissant de familles et de parents qui retirent leurs enfants pour les mettre dans le système scolaire public gratuit mais académiquement faible. L’effet que cela aura sur tous les aspects de la communauté arménienne du Liban est impressionnant. Pour donner une idée de la situation actuelle des revenus de la scolarité, au milieu de l’année scolaire, le taux de collecte des revenus des écoles est passé à 52 % des frais dus par les parents, voire à 11% au plus bas (après avoir actualisé en moyenne un tiers des frais réels). Cela ne représente que 448 000 $ au lieu de 2 112 000 $ nécessaires. Nous pouvons vous faire parvenir un rapport détaillé si vous le souhaitez.

Parallèlement à ces besoins directs, il y a le travail du service de l’internat à Ainjar. Autrefois dirigé par les partenaires européens, il est à présent entièrement à la charge de l’UAECNE. Travaillant avec le lycée d’Ainjar, ce service prend soin des garçons et des filles venant d’un environnement familial à risques. Et maintenir les revenus nécessaires pour ce ministère unique s’avère de plus en plus problématique.

  1. Notre travail social au Liban : les activités de sensibilisation menées directement par le comité d’action social ces dernières années, se sont concentrées sur l’assistance aux familles dans le besoin, connues de nos églises. Au cours des dernières années, toutes les agences de service social ont coordonné leurs efforts dans le but de fournir un service plus complet et d’éviter les doublons. A présent les défis et les besoins ont doublé et triplé, le chômage et le sous-emploi mentionnés plus haut, ont poussé les familles de la classe moyenne inférieure en familles dans le besoin. Pour bien situer les choses dans leur contexte, nous dépensions en moyenne 70 000 $ par an pour soutenir des familles syriennes déplacées au Liban.

Parallèlement, bien avant la crise, nous assistions des familles libanaises en aide médicale, logement, en urgences et autres besoins pour un montant de 60 000 $. Maintenant les choses sont bien pires et les besoins bien plus grands.

  1. Nos institutions et nos organisations au Liban : les différents programmes et organisations de l’Union essaient de s’ajuster à cette « nouvelle norme » dans laquelle ceux qui sont aidés voient leur capacité à contribuer au fonctionnement de ces organisations diminuer rapidement. La capacité des gens à payer leurs honoraires pour le travail de tribunal de l’Union est également affectée. Cette situation s’étend aussi au ministère des Jeunes Chrétiens (Christian Endeavour), aux locations extérieures du centre de l’Union à Kchag, aux Comités de Publications de l’Union et aux contributions de l’Union, aux institutions communes et aux partenariats œcuméniques tels que la Maison de retraite du CAHL, le sanatorium arménien, l’Ecole de Théologie du Proche-Orient de la N.E.S.T. etc…

C’est pourquoi nous faisons appel à vous pour un soutien d’urgence pour les ministères de l’UAECNE en ces temps difficiles au Liban. Compte tenu de tout ce qui précède, deux domaines sont les plus critiques :

  • Point 2 : un soutien spécial pour les écoles. Cela est essentiel pour contrer les sommes importantes d’impayés de frais de scolarité qui s’accumulent.
  • Point 3 : le travail social. Nous devrons doubler les dépenses pour les besoins croissants parmi un nombre de libanais pauvres qui augmente. Cela signifie qu’au moins 60 000 $ supplémentaires seront nécessaires pour répondre à certains besoins très élémentaires des familles dont nous avons la charge ou qui nous approcheront dans un avenir proche.

Il est clair que nous vivons des jours de profond découragement et d’incertitude au Liban. L’inquiétude est gravée sur le visage des gens partout et leur désespoir et détresse nous rappellent l’urgence du ministère de l’église dans ce monde. Notre espérance reste donc sur le fondement inébranlable, Jésus Christ. Nous remercions Dieu de nous permettre de marcher dans cette vallée avec nos yeux fixés sur sa lumière et sa vérité, et nous redoublons notre engagement pour être les témoins du Seigneur, ici et maintenant.

Au service du Christ

Rev. Mgrdich Karagoezian – Président de l’UAECNE, Union des Églises protestantes arméniennes du Proche Orient au Liban

Beyrouth – 30 janvier 2020

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Albert Huber

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