Serge Soulié : La maison du rêve - Entretiens avec mon frère - Amicale des pasteurs français à la retraite

Serge Soulié nous avait livré en 2017 avec La fin d’une religion (Éditions la Barre Franche – cf. H&A 226) sa compréhension d’un Dieu en dehors de toute religion. La Maison du rêve est un prolongement, un approfondissement, de La fin d’une religion. L’ouvrage se présente en deux parties. Une première partie théorique. Elle est présentée par l’auteur comme une suite à plusieurs entretiens qu’il a eus avec son frère Hubert après la publication de son premier livre. C’est autour des questions et des interrogations portées par son frère qu’il organise son propos et sa pensée sur Dieu, sur Jésus, homme ou Dieu, sur les Églises, sur l’œcuménisme et pour finir sur ce que pourrait être la religion de demain. C’est un propos qui est très personnel, qui est riche, qui n’appartient à proprement parler à aucun mouvement théologique connu – la théologie du process serait sa plus proche parenté – et qui est par ailleurs profondément nourri par la connaissance et le compagnonnage que Serge Soulié entretient avec les philosophes. Platon, Maître Eckhart, Hegel, sont présents, mais celui qui est très proche, c’est Spinoza. Le Dieu de Soulié est spinozien. Il ne peut être fixé dans une personne, figé dans une nature, enfermé dans une Église, il est mouvement, « il emplit tout ce qui est », « il est immanent, émanant, autrement dit présent en toute chose ». C’est sur la base de cette représentation de Dieu, que l’auteur développe toute une théologie dans laquelle prennent place notamment sa compréhension de l’événement Jésus, « il est un homme ordinaire qui a su se plonger en Dieu », ou encore sa vision de ce que pourrait être la religion de demain, « c’est dans la réalité de tous les jours que la religion renouvelée trouvera Dieu », « les lois de Dieu seront celles de la nature », « la religion renouvelée se souciera de la formation de l’humain », etc. La deuxième partie est un témoignage sur une tranche de vie dans laquelle Serge Soulié et toute sa famille ont été impliqués en région parisienne autour de ce que l’on a appelé la Maison du rêve. C’était de l’accueil au plus près des accueillis. Ce furent des années d’engagement absolu, une autre façon de vivre l’Église, un engagement total pour un Évangile total. Il fallait effectivement être dans le rêve pour vivre cette aventure. C’était de l’utopie pure en action. Serge Soulié a raison de présenter cette expérience comme une épopée représentative de ce qu’il appelle la religion renouvelée.