Le monde immédiat…
Nous vivons dans un monde de l’immédiateté. C’est évident sur le plan temporel : nous envoyons des mails et voulons une réponse sur le champ, nous suivons les actualités de l’instant et voulons les images dans la seconde qui suit. Les sujets sont ceux de la demi-journée, que nous oublions dès le lendemain. Le passé ne compte guère et nous gérons notre futur personnel et collectif dans le court terme. Il y a « l’aujourd’hui » sans le « hier » et sans futur ! C’est presque aussi vrai en ce qui concerne les relations sociales. L’immédiateté se constate dans le fait que nous relativisons voire refusons les médiations. Les corps intermédiaires sont faibles, qu’il s’agisse des syndicats, des associations, des Églises. Les politiques sont méprisés ou rejetés, le clergé, les enseignants, les magistrats et les journalistes critiqués. Chacun se fait, croit-il, sa vérité tout seul. Le protestantisme n’y est pas pour rien, lui qui appelle à vivre et penser hic et nunc et refuse tout intermédiaire (institution, saints et prêtres) entre Dieu et nous. Il est sans doute en partie responsable de notre méfiance vis-à-vis des médiations. Cette prise de distance est très libératrice et valorisante pour les individus autonomes et de haut niveau que nous voulons ou croyons être. Mais elle est en réalité assez trompeuse, car en y regardant de près, nous sommes à vrai dire extrêmement dépendants des réseaux sociaux, des techniques de communication, des lobbies secrètement très puissants, des managers économiques internationaux. Alors oui, visons à plus d’autonomie et des personnes et des petits groupes, mais commençons par être bien au clair et lucides sur nos dépendances cachées, qui sont les plus dangereuses.
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