Yves était né à Metz le 25 avril 1939 comme fils de Pierre Kéler et de son épouse Lucie Lischer. C’est à Metz qu’il fit son catéchisme avec le pasteur luthérien Alfred Griesbeck qui l’impressionna et répondit à ses questionnements, qui le confirma et l’appela à devenir Moniteur d’Ecole du Dimanche, qui l’encouragea à faire des études de théologie après ses études secondaires à Metz. En 1962, il fut nommé vicaire au Temple-Neuf où il succéda à son ami Michel Guerrier, puis vicaire à Schiltigheim et Bischheim où il fut nommé pour former tandem avec le même Michel Guerrier à partir de 1964, en s’occupant du quartier Ouest de Bischheim et de La Wantzenau Je les rejoignis deux ans plus tard. Entretemps, il s’était marié le 25 juillet 1964 dans cette église avec Denise Lortz qu’il avait rencontrée à la Colonie de Vacances du Blochmont. De cette union naquirent deux filles Isabelle et Christine. Il s’occupa de gérer les bâtiments et les occupations de la maison de colonie de vacances de la paroisse de Metz à Schorbach près de Bitche. Par la suite, il exerça comme pasteur à Woerth de 1977 à 1990, puis à Sessenheim où il prit sa retraite en 2001. Dans leurs mots de reconnaissance, ces paroisses relèvent sa grande culture, son témoignage de l’Evangile, sa disponibilité et son écoute des habitants. Oui, c’était bien là le pasteur Kéler. Il fut ainsi élu successivement Président du Consistoire de Woerth, puis de celui de Hatten dans la même Inspection de Wissembourg. Comme vous le savez, il ne s’intéressait pas seulement aux antiquités et aux collections d’objets artisanaux et artistiques, mais également à l’hymnologie. Il a chanté dans les chorales de ses trois paroisses, puis durant la retraite dans celle de Schiltigheim-Trinité. Il a soigné des parrainages avec plusieurs chorales d’Europe de l’Est. Il a participé à la Commission de chant de nos Eglises.
Durant sa retraite, il a publié un premier livre fondamental en 2006 sur le « Culte, sa fonction, sa structure et sa forme ». Parallèlement, il a traduit en français d’innombrables cantiques allemands. C’est finalement l’Eglise Luthérienne Française du Canada qui a reconnu toute la valeur de ces traductions dont elle a retenu pas moins de 133 d’entre elles dans sa dernière édition de livre de cantiques en 2009 (« Liturgies et cantiques luthériens »). J’en ai choisi l’un d’eux que nous chanterons tout à l’heure. La même année, il a édité à compte d’auteur les 42 chants de « Martin Luther (42 chants). Texte original, traduction française versifiée et chantable, sources et commentaires ». Les Editions Beauchesne dans leur série sur les « Guides musicologiques » ont publié ce travail minutieux en 2013 en y ajoutant les chants de Martin Luther harmonisés à quatre voix pour orgue et chœur en collaboration avec notre collègue Danielle Guerrier Koegler. Chercheur infatigable, il vient de corriger son dernier livre de traduction, actuellement sous presse chez Jérôme Dko Bentzinger, « Poésies et chants nés dans les camps de concentration ». Chez un autre éditeur se trouve sous le coude le manuscrit de ses traductions des nombreux cantiques de Paul Gerhardt dont Christine a choisi 4 strophes traduites de « Befiehl du deine Wege ».
Yves, tu ne voulais pas de gerbe sur ton cercueil. Mais nous espérons avoir au mieux lié la gerbe te concernant ! Les tournesols de tes filles en sont le signe ensoleillé.
Tu as fêté tes Noces d’Or avec Denise le 1er août 2014, entouré de ta fille aînée Isabelle, mariée à Olivier Giabiconi et mère des jumeaux Samuel et Arnaud, de Matthias et de Thomas, et, de ta cadette Christine, mariée à Herrmann Bethke, mère de Yann et d’Elias. Tous ensembles, ils ont apprécié ton humour et tes propos de table. Ils étaient ta fierté.
De Apfel fàllt net wit vom Baum. Chère Denise, chers descendants, chère Famille, acceptez nos condoléances émues et affectueuses.
Nous les partageons avec vous Pascal, son neveu, vous priant de les transmettre à votre maman Jacqueline impotente et à votre frère Daniel.
Le dernier hommage va à vous, Denise. Vous étiez une femme de pasteur à l’ancienne, renonçant au métier d’institutrice pour vous consacrer à vos filles et aux paroisses de votre mari. Tu as accueilli aux presbytères. Tu as assisté aux cultes présidés par Yves. Tu as toi-même animé des activités paroissiales, accomplissant le verset de mariage paritaire que Jean-Daniel Weick vous avait choisi, 1. Corinthiens 15, 58 : « Soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l’œuvre du Seigneur ».
Mais surtout tu as accompagné et soutenu ton mari dans toutes ses entreprises. Tu as été l’épouse de son corps, son amie de cœur qui le comprenait mieux que quiconque et tu as été le pasteur de son âme qui pansait ses blessures morales. Tu as également soigné ses blessures physiques à la tête et ailleurs. Malgré tous ces pénibles ennuis de santé, vous alliez régulièrement ensemble au culte, à des manifestations, chez vos amis. Et également comme si de rien n’était, vous avez participé pleinement à la confirmation de votre petit-fils, à Pentecôte. Peu avant sa mort subite, vous avez encore échangé sur ses progrès, alors que des complications pulmonaires et anémiques l’affaiblissaient toujours davantage. Denise, jusqu’à sa mort, tu as accompagné fidèlement et courageusement sa vie.
Dans les 123 chants de Johann HEERMANN qu’il vient de traduire et de saisir ces derniers mois et qui ne seront donc pas publiés, se trouve cette strophe qu’il pourrait lui-même vous adresser de toute sa reconnaissance, chère Denise et chers enfants et petits-enfants : « La mort sépare ceux qui du fond du cœur s’aiment, Changeant la joie en deuil et en souffrance même. Mais Dieu les réunit En son éternité, Et là les réjouit Dans l’immortalité ».
Yves est décédé deux jours après son hospitalisation à l’Hôpital de Haguenau le 12 juin 2018 à l’âge de 79 ans 1 mois et 18 jours.
Ici s’arrête le rappel du cours de la vie d’Yves. Que chacun d’entre nous accomplisse ses derniers devoirs à son égard. Que ceux qui l’ont apprécié et aimé lui restent reconnaissants au-delà du tombeau et loue Dieu pour le cadeau qu’Il nous avait fait en sa personne. « L’Eternel l’a donné, l’Eternel l’a repris. Que le nom de l’Eternel soit loué ». Que ceux qui sont restés sur une déception à son égard et qui n’ont plus eu l’occasion de clarifier une relation devenue hostile ou compromise lui pardonnent et s’interrogent eux-mêmes pour demander à Dieu : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Dans ce double mouvement de reconnaissance et de miséricorde partagée, disons Adieu à Yves avec cette salutation de l’Eglise Ancienne : « Que le Seigneur fasse luire sur lui sa lumière éternelle et lui accorde un repos sans fin ». Ainsi soit-il.
Georges Bronnenkant
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