Éthique Théologie

Évangile, éthique sexuelle et écologie par Michel Guerrier

Évangile, éthique sexuelle et écologie…

Les changements dans la vie sexuée 

En tant que protestant nous pensions jusqu’à maintenant et ceci à juste titre que, comparés aux catholiques nous avions toujours une certaine avance dans notre façon de vivre la vie intime, les moeurs sexuelles. En fait nous sommes aujourd’hui confrontés de façon certes moins spectaculaire, moins dramatique que les catholiques avec leur hiérarchie très visible et leurs codes apparemment plus stricts, à une révolution dans les moeurs unique dans l’histoire du monde pour autant que nous ayons une idée de toute l’histoire qui nous a devancés. 1968 n’était qu’un début. Les conséquences nous surprennent, nous choquent de plus en plus.

En fait, cette libéralisation est certes un énorme bienfait pour l’humanité. Mais elle s’accompagne de beaucoup d’incertitudes, d’un sentiment de vide désarçonnant, de l’absence de repères, de drames de solitude, de déprimes.
On en parle certes dans notre presse protestante, j’aime beaucoup Réforme, (cf. les articles de Olivier Abel), mais quand il s’ agit d’aborder la question de la place de l’érotique dans notre culture, des revendications de certaines femmes à donner librement leur corps pour de l’argent ou pour un mariage princier qui aussi est un mariage d’argent et de notoriété, on est beaucoup plus réticent. 

Et, dans nos prédications, nos études bibliques et notre pastorale aborde-t-on vraiment ces questions ? Ou bien uniquement sur la bande, avec mille précautions… Nous tenons beaucoup à un certain discours très biblique sur l’amour « qui  excuse tout, croit tout, espère tout , supporte tout, cet amour qui ne périt jamais« , nous connaissons la chanson. Mais confrontés aux variations actuelles dans la vie sexuée, quelle autre lecture biblique proposons-nous sur l’amour que cet hymne par trop programmatique ?

La rupture avec la nature

Nous lui faisions confiance, elle rythmait notre vie : les saisons, le jardinage, les balades en montagne, les vacances dans les réserves protestantes encore intouchées… C’était de l’authentique, du solide, la terre ne ment pas. Même les citadins y revenaient toujours avec reconnaissance pour y retrouver la force mystérieuse d’un créateur. 
Et maintenant tout est changé, l’eau est polluée, l’air pur de nos montagnes fait tousser, l’érable dépérit, le liquide de nos testicules contient de moins en moins de semence.
Problème : la Bible est relativement muette sur ces questions. Et pourtant n’ y aurait-il pas dans notre tradition biblique toujours plus ou moins cristallisée dans l’homme de Nazareth un appel à une autre gérance d’une nature-soeur, dans le renoncement à tous les excès de consommation, de dénonciation courageuse d’un argent roi qui surexploite cette terre, de redécouverte d’une façon de vivre simple sans austérité. Pour sortir enfin de la défiance généralisée vis-à-vis des fondements, poison d’une véritable vie communautaire.

Michel Guerrier, 80 ans – Pasteur UEPAL à la retraite

À propos de l'auteur

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Alain Rey

Directeur de la publication Hier & Aujourd'hui
Pasteur de l'EPUdF
Études à Montpellier, Berkeley et Genève
Pasteur à Fleury-Mérogis, Mende, au Defap et à la Cevaa

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